Rien ne va plus entre le syndicat des magistrats de la Cour des comptes et les responsables de l’administration de cette institution, chargée du contrôle de la gestion des deniers publics. Ahmed Chikhaoui, secrétaire général de l’organisation syndicale, revient sur la source de ce conflit. «Il y a une année, lorsque nous avions demandé une salle pour la tenue d’une assemblée générale et l’élection d’un nouveau bureau, les responsables de l’administration nous ont opposé un refus catégorique. Nous étions obligés de tenir cette réunion à l’extérieur du lieu de travail après autorisation du ministère du Travail. La nouvelle équipe élue a entrepris des démarches pour une autre assemblée, mais l’administration a adopté la même position et refusé de reconnaître le nouveau bureau. Nous avons encore une fois tenu notre assemblée, le 26 février dernier, en dehors de l’enceinte de la Cour des comptes. La demande d’autorisation a été signée par plus de 60 magistrats, mais la réponse a été encore une fois négative. Ces refus sont pour nous une atteinte au droit syndical. Les responsables disent qu’il y a une plainte contre l’ancien bureau syndical, mais aujourd’hui c’est une autre réalité et l’inspection du travail a clairement expliqué, dans un courrier adressé au président, qu’il n’est pas dans ses prérogatives de s’immiscer dans les affaires syndico-syndicales. Continuer à user de manœuvres contre l’activité syndicale est une violation flagrante de nos droits. Nous constatons une volonté délibérée des responsables de la cour de s’opposer à toute activité syndicale», déclare Ahmed Chikhaoui. Durant cette assemblée, précise-t-il dans le même document, il a été «enregistré encore une fois une violation des droits fondamentaux des magistrats et une violation caractérisée des instructions des pouvoirs publics, faisant du dialogue la voie la plus indiquée pour résoudre les conflits de travail et pour prévenir les crises sociales. Mais la voie à laquelle a recouru l’administration de la Cour des comptes complique la situation et suscite un grand mécontentement parmi les magistrats (…) d’autant qu’il s’agit d’une institution censée veiller au respect de l’application de la loi». Le syndicat a donc «réitéré» sa confiance aux membres du bureau de l’organisation, élus lors de l’assemblée générale tenue le 2 avril 2017, tout en affirmant qu’«à travers leurs positions négatives à l’égard du syndicat et des libertés syndicales, les responsables de la Cour des comptes ont montré qu’ils ne donnent aucune importance au dialogue et n’ont aucune volonté de résoudre les problèmes internes auxquels sont confrontés les magistrats de la Cour des comptes depuis des années». Dans la déclaration, le syndicat a également décidé de suivre «le problème des œuvres sociales que les responsables de la Cour des comptes utilisent comme moyen de pression contre les magistrats» et précisé que «la confiance dont jouit l’organisation syndicale est une réponse à toutes les manœuvres de l’administration», tout en exprimant sa volonté de «continuer à défendre» les magistrats et à «protéger» leurs intérêts moraux et matériels «dans le but d’améliorer et de renforcer la crédibilité et la place de la Cour des comptes en tant qu’institution constitutionnelle chargée du contrôle des deniers de l’Etat et qui participe à la promotion de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des fonds publics». Dans le souci d’avoir l’avis des responsables de la Cour des comptes, nous avons tenté, durant une bonne partie de la journée d’hier, de joindre le président de la Cour des comptes, mais en vain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire