Il faut d’abord réunir les conditions d’une compétition politique saine.» C’est la réponse des principaux partis de l’opposition au chef de l’Etat qui a appelé, dans son message à l’occasion du 19 mars, à «une confrontation des programmes dans la course au pouvoir». «(…) la scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir», avait écrit le président Bouteflika dans son appel, lu en son nom par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Cet appel, traduit, selon le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, «l’inquiétude du pouvoir qui craint un boycott massif du 5e mandat de la part de l’opposition». «Le pouvoir a besoin de lièvres pour la prochaine élection présidentielle. Il lance ainsi un appât pour amener les acteurs politiques crédibles à se découvrir et légitimer l’anticonstitutionnel 5e mandat», estime-t-il. Le climat politique actuel ne favorise pas, selon des responsables de parti, la mise en place d’une vie politique où toutes les forces auront les mêmes chances. «Comment parler de confrontation de programmes lorsqu’il n’y a pas d’instance indépendante de gestion des élections, lorsque les partis de l’opposition n’ont pas d’accès aux médias lourds publiques ?» interroge Faycel Hardi, responsable du parti Talaie El Hourriyet. Ce dernier rappelle «l’interdiction de plusieurs partis politiques et les pressions exercées sur le mouvement associatif et syndical». «La solution pour remédier à cette situation passe, comme nous l’avons affirmé, par un dialogue sérieux entre le pouvoir et l’opposition», souligne notre interlocuteur. Yacine Aissiouene, chargé de communication du RCD, abonde dans le même sens. «L’instance indépendante de gestion des élections est une demande de l’ensemble des partis de l’opposition. Elle est indispensable pour une compétition électorale équitable», indique-t-il. Selon lui, «il a y un déphasage entre le discours des tenants du pouvoir et la réalité du terrain». «On ne peut pas parler de programmes et de compétition, alors qu’il y a un verrouillage sur tous les plans. Les médias ne s’ouvrent pas sur l’opposition et le champ des libertés se rétrécit. Les médecins, les enseignants, les syndicalistes sont tabassés et maltraités», dénonce-t-il. Même vision chez le FFS qui relève, selon son chargé de communication, Hassen Ferli, l’énorme «décalage entre le discours et les actes». «Les conditions n’ont jamais été réunies pour qu’il y ait une compétition politique loyale. Le régime ne respecte même pas ses propres lois concernant, notamment, le respect des libertés», souligne-t-il. De son côté, le Parti des travailleurs (PT) réclame carrément un «renouveau politique et institutionnel» comme une condition sine qua non pour une course politique idoine. «Comme nous l’avons précisé dans notre lettre adressée au chef de l’Etat lui-même, les institutions actuelles sont obsolètes. Le Président avait initié, en 2012, des réformes politiques qui ont été vidées de leurs contenus par les députés de la majorité. Il faut alors redonner la parole au peuple et aller vers une Assemblée constituante qui permettra d’enclencher un renouveau politique, sans lequel les horizons resteront bouchés», affirme Ramdane Tazibt, député du PT. Rappelant que les scrutins organisés en 2017 ont été «marqués par une abstention massive, une connexion sans précédent entre l’argent sale et la politique ainsi que par la fraude», le cadre du PT appelle à «une rupture pacifique avec l’ordre politique actuel».
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