Alors que le salaire net moyen mensuel d’un Algérien est de 39 900 DA, selon les dernières statistiques officielles, la rémunération des centaines de milliers de travailleurs de la Fonction publique ne dépasse pas le Snmg. Cette enquête sur les salaires, révèle l’ONS, indique que le salaire net moyen mensuel est de 39 900 DA, en 2016, à raison de 55 700 DA dans le secteur économique public, contre 32 600 DA dans le privé national. Ces chiffres sont issus d`une enquête annuelle sur les salaires, menée par l`ONS auprès de 545 entreprises publiques et de 242 entreprises privées de 20 salariés et plus (hors administration et agriculture). La Fonction publique n’est pas concernée par cette enquête «qui aurait pu mettre en lumière la précarité dans laquelle sont enfoncés, chaque jour, sous le poids de l’inflation en constante augmentations, des centaines de milliers de travailleurs des communes, de la santé, de l’agriculture et de l’éducation», accuse Rachid Malaoui, président de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Cgata). Le salaire fixé depuis quelques années entre 17 000 et 23 000 da pour les travailleurs professionnels du secteur de l'éducation plonge 200 000 agents de sécurité, ouvriers professionnels, laborantins et certains personnels de l’administration dans l’extrême pauvreté, selon la Cgata. «Les chiffres officiels indiquent que plus de 100 000 travailleurs du secteur de l’administration publique vivent dans la misère avec des salaires ne dépassant pas 18 000 DA/mois», souligne M. Malaoui. Les effectifs du secteur de la santé, déployés dans les services de l’hygiène, la restauration et l’entretien, sont soumis au même régime salarial. Pour ce syndicaliste, la précarité touche un nombre inconnu de travailleurs issus de l’informel. Ces travailleurs au noir sont invisibles dans les registres officiels de l’emploi. Ils ont des salaires de misère et ne bénéficient d’aucune protection sociale, relève le président de la Cgata. Appauvrir les travailleurs : «une décision politique» Pour la Cgata, maintenir des centaines de milliers de travailleurs dans «l’extrême pauvreté» est d’abord «un choix du gouvernement». Cette confédération ainsi que d’autres syndicats autonomes, représentant les corps communs, soulignent que «fixer des salaires à 18 000 Da/mois est une décision politique. Pour faire face à la crise, le gouvernement avait le choix d’instaurer l’impôt sur la fortune pour diminuer l’impôt sur le revenu général pour les salariés à bas revenus», soutient M. Malaoui. «Le gouvernement, soutenu par un Parlement acquis, a préféré puiser dans les salaires des travailleurs, dont la valeur est affaiblie par l’inflation, et préserver ainsi les grosses fortunes», ajoute notre interlocuteur. Le débat sur l’Isf a été clos, et personne, en haut lieu, ne prête attention aux cris de détresse des travailleurs qui dénoncent cette injustice fiscale. Pour la Cgata, les mesures annoncées par le ministère du Travail contre les syndicats, pour soi-disant leur conformité à la législation, cachent en réalité une volonté d’étouffer la voix de ces travailleurs qui ont décidé de dénoncer la situation, «ceci pour éviter de noircir le tableau à la veille de l'élection présidentielle», analyse M. Malaoui.
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