lundi 27 juillet 2015

«Ce sont les signes d’une crise profonde»

Les acteurs politiques dénoncent «les logiques claniques» qui sont, selon eux, mises en avant lors de la désignation des nouveaux ministres, walis et responsables militaires.
Le grand remue-ménage et les changements opérés, le week-end dernier, au niveau de plusieurs institutions civiles et militaires «ne répondent à aucune logique». C’est ce que pensent des responsables des partis politiques que nous avons pu joindre hier en vue d’obtenir leur lecture de la série de nominations et de limogeages intervenus en deux jours.

Tout en relevant l’absence de transparence dans la prise de décisions, ils dénoncent «les logiques claniques» qui sont, selon eux, mises en avant lors de la désignation des nouveaux ministres, walis et responsables militaires. «La série de limogeages et nominations à laquelle nous avons assisté n’est qu’une opération de reclassement des clientèles du système dictée par la survie clanique et tribale du régime. Nous sommes toujours dans les intrigues de sérail, où l’escroquerie et l’incompétence ont gagné en grade dans un pays plus que jamais otage de luttes d’intérêts claniques au détriment de l’intérêt général», estime Atmane Mazouz, chargé de communication au RCD.

Pour lui, cette «énième purge confirme une constance dans un pays miné de l’intérieur où, même la soumission et la moubayaâ (l’allégeance) ont eu droit à l’humiliation». «Ce mouvement dans le personnel institutionnel n’a rien de normal. Il confirme une déchéance de l’Etat et une faillite institutionnelle. Les Algériens ont une nouvelle preuve que la manière dont sont gérées les affaires de l’Etat constitue une sérieuse menace pour le pays», indique-t-il.

Pour sa part, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qualifie les décisions annoncées de «réactions intempestives qui ne peuvent qu’aggraver la déstabilisation des institutions». «Ces changements multiples tant dans le gouvernement que dans les services de sécurité ne répondent pas à un changement de stratégie politique, de réformes économiques ou institutionnelles. Ils ne viennent pas dans le sillage d’une programmation réfléchie et d’un déploiement nouveau ou d’un renouveau», précise-t-il.

Et par conséquent, estime-t-il, ce sont des symptômes «d’un désordre sous-jacent et d’une tentative de sortir d’un marasme qui est en train de se répandre et de s’amplifier à l’intérieur du pouvoir». «C’est un très mauvais signe, parce que les éléments constitutifs de la dynamique du désordre sont là : un Président hors course, fatigué et invalide qui détient l’ensemble des pouvoirs constitutionnels dans le pays», lance-t-il.

«Une prime à l’incompétence»

Abondant dans le même sens, le président de l’Union démocratique et sociale (UDS, non encore agréé), Karim Tabbou, précise que ces changements saisonniers au niveau du gouvernement révèlent l’ampleur de l’improvisation dans la gestion de la crise. «Les nominations, pour certains ministres, n’obéissent qu’à une seule et unique raison, en l’occurrence l’allégeance.

Une telle dérive dans la gestion de l’Etat aboutit à une logique d’appareils et de clans qui prennent la place de l’Etat», soutient-il, dénonçant la dérive du pouvoir personnel qui «écrase les institutions». «Puisque cela n’obéit pas à une logique et à des objectifs clairs, autant sur le plan des instances sécuritaires que sur le plan des institutions de l’Etat, ces nominations n’obéissent qu’à une logique de maintien du statu quo. Le rapport d’allégeance est devenu le seul ciment qui maintient les gens au pouvoir», lance-t-il.

De son côté, le MSP dénonce l’absence de transparence et de communication officielle concernant ces changements pour permettre au citoyen de comprendre l’orientation générale du pays. «Le problème en Algérie est l’absence de transparence. Il n’y a aucune règle claire qui régit les nominations aux postes de responsabilités, comme il n’y a pas aussi de bilan permettant aux citoyens de mesurer l’impact des nominations ou des limogeages. Pourquoi y a-t-il nomination de nouveaux walis et de nouveaux ministres ? Les lectures que l’on peut faire peuvent s’avérer erronées», déplore Zineddine Tebbal, membre du bureau national du MSP.

 
 

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