lundi 27 juillet 2015

«Il n’y a plus de solidarité clanique au sein du régime»

«Le système est finissant. Ses armes sont connues : la terreur, la corruption et la propagande. Toutes ont montré leurs limites», a martelé l’ancien président du RCD.
La terreur a disparu avec la baisse des recettes pétrolières, a déclaré Saïd Sadi, ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), lors d’une conférence animée, samedi soir, au village d’Iguersafen, commune d’Idjer, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Tizi Ouzou, à l’occasion du festival Raconte-arts qu’organise la ligue de wilaya des arts cinématographiques et dramatiques.

«Le système est finissant. Ses armes sont connues : la terreur, la corruption et la propagande. Toutes ont montré leurs limites», a-t-il expliqué. Le conférencier a souligné, dans le même sillage, qu’il n’y a plus de solidarité clanique au sein du régime qui a «confisqué l’histoire» «Il faut tamiser l’histoire car aucun pouvoir n’est légitime depuis 1962», a-t-il laissé entendre.

Evoquant la crise qui secoue Ghardaïa, Sadi dira : «Aujourd’hui, au lieu d’essayer de répondre à la réalité de la situation et d’apaiser la tension dans le M’zab, le pouvoir est en train d’arrêter des Mozabites. Ce sont ceux qui meurent qui sont arrêtés. Un maire RCD, qui a refusé de rejoindre les partis du régime et qui a tenu tête à Ould Kablia, vient d’être interpellé. Il y a une véritable demande culturelle, identitaire et sociale dans le M’zab. Il n’y a pas de problème économique. L’Etat est incapable de gérer la situation. Et les intellectuels ont une énorme responsabilité dans ce qui se passe à Ghardaïa.»

Par ailleurs, le conférencier a exhorté les présents à maintenir la cohésion des comités de village qui est, selon lui, l’avenir démocratique : «Il faut réhabiliter la culture de débat, et ce, en mettant sur pied des comités de réflexion. Il faut protéger la cité kabyle.» Pour étayer ses propos, il a ajouté que «la survie de la Kabylie dépend de sa capacité à protéger ses structures et ses valeurs démocratiques. La préservation de la cohésion de la Kabylie conditionne le destin démocratique de l’Algérie.

Et l’Algérie stabilisée dans l’Etat de droit est le meilleur garant pour le progrès et la liberté. Aujourd’hui, le combat que je mène pour aider les citoyens de mon village dans la lutte contre la délinquance ou le salafisme me semble aussi important, sinon plus important que celui que j’ai engagé sur d’autres terrains», a-t-il fait remarquer, avant de préciser que «ce n’est pas la stratégie de la déstabilisation multiforme de la Kabylie menée par les superstructures du pouvoir qui représente la menace la plus grave».

«La perte des valeurs culturelles et éthiques qui ont contenu les intrusions les plus pernicieuses et les pressions les plus puissantes, constitue la menace sociale et politique la plus sérieuse et la plus immédiate. Une bande de délinquants, instrumentalisée ou non, peut défier un comité de village, prendre en otage une communauté sans que celle-ci ait les ressources de manifester sa désapprobation ou sa condamnation. Cette fissure civique est une faille qui doit nous interpeller», a encore souligné Saïd Sadi.

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