mercredi 5 août 2015

Éradication de l’habitat précaire à Constantine : Le dernier été des bidonvilles ?

L ’OPGI de Constantine a fait de nombreux heureux. Plus de 3000 familles ont été transférées au cours du mois écoulé à la nouvelle ville Ali Mendjeli, dans le cadre de l’éradication de l’habitat précaire, conformément aux instructions du gouvernement.
Durant la seule journée du 29 juillet, pas moins de 1100 familles, dont les habitations sont situées dans la zone rouge, autrement dit menacées par les glissements de terrain, devaient être relogées à l’unité de voisinage (UV) 16. Avec ces relogements, les officiels locaux semblent vraisemblablement en bonne voie de concrétiser le planning entamé au début du mois passé. Si tous les sites résiduels sont vidés de leurs occupants, la wilaya de Constantine sera définitivement débarrassée des concentrations de bidonvilles (65 sites au total) qui l’enlaidissaient depuis plusieurs décennies.

On pourra enfin dire que les autorités ont tenu leurs promesses, avec toutefois plus de cinq ans de retard, puisque Constantine était censée être expurgée de toutes ses vieilles baraques en décembre… 2009 ! L’annonce avait été faite par Abdelmalek Boudiaf, à l’époque wali de Constantine, lequel ne cessait d’assurer à la population désabusée des bidonvilles qu’«il ne resterait plus aucun bidonville d’ici 2010».

Beaucoup d’espoir, mais aussi beaucoup de désillusions avaient accompagné ces annonces. Bien avant cette échéance et même après, que de fausses promesses maintes fois réitérées, des échéances non respectées et des recensements sans cesse renouvelés ont mis à cran une population aux abois, tenue en haleine face à un incontestable déficit en matière de logements.

Cette situation a pesé de tout son poids sur la gestion du dossier de l’éradication des tentaculaires bidonvilles de Constantine, cultivé le flou et multiplié les promesses non tenues. Avec l’éradication du bidonville «New York» en 2001, suivie subséquemment par celles d’«El Qahira», du Polygone, du Mansourah et du terrain Tennoudji, l’opinion publique pensait, en toute logique, que la bataille engagée par les autorités pour annihiler de manière irréversible les bidonvilles à Constantine allait enfin connaître son épilogue, et mettre ainsi un terme définitif aux taudis qui la défiguraient et la phagocytaient depuis l’indépendance, mais le chemin vers la délivrance était semé d’embûches faute de clairvoyance. A l’époque, les occupants de Fedj Errih, l’un des plus anciens bidonvilles de Constantine, étaient déjà dans l’attente d’un relogement «imminent» depuis… trois ou quatre ans ! Autant dire qu’avec la énième déception de 2009, leur espoir était à bout de souffle.


L’espoir à bout de souffle

Pendant de nombreuses années, la ville du vieux Rocher a éprouvé de réelles difficultés à se débarrasser des milliers de baraques qui la corrompaient, et ce, en l’absence d’une politique de «dégourbisation» musclée, capable de réduire à néant toute velléité de réinvestissement des assiettes évacuées, sachant que près du tiers des sites dénombrés à l’échelle de la wilaya se trouvaient dans la commune de Constantine, des quartiers populeux aux plus huppés. Aucun des 9 secteurs urbains du chef-lieu n’y avait échappé, avec une prépondérance de l’habitat précaire à Haï Ettout, Ziadia, Sarkina, Bab El Kantra et Daksi.

Egalement touchés par ce phénomène, le quartier résidentiel Belle vue tout comme la très «clean» cité du 5 Juillet n’ont pas été épargnés par le déferlant élargissement des poches urbaines bidonvillisées. Reste à savoir, à présent, ce que comptent faire les services de la wilaya pour éviter que les assiettes évacuées soient, à nouveau, réinvesties par d’autres bidonvilles dans l’objectif de bénéficier d’un éventuel relogement. Il y a cinq ans, elles étaient déjà 15 000 familles à être relogées, avec en parallèle un manque criant de logements. Les promesses des responsables, à leur tête l’ex-wali Boudiaf, s’étaient heurtées à un mur : celui du déficit en matière de logements. Un défi impossible à relever à l’époque, d’autant que du côté du programme du million de logements du président de la République, ce n’était guère mieux puisque sur plus de 24 589 unités prévues à Constantine au 31 décembre 2008, seulement 16 244 étaient à ce moment-là en voie d’achèvement.

Aujourd’hui, le programme du gouvernement visant à éradiquer l’habitat précaire est rendu possible grâce à la mégacité Ali Mendjeli qui accueille, depuis sa création, des milliers d’ex-pensionnaires de bidonvilles ou encore ceux des quartiers menacés par les glissements de terrain ;.cette nouvelle ville dont l’expansion démographique trop rapide a nécessité un programme d’urgence de mise à niveau pour faire face à une demande crescendo des nouveaux locataires. Un été sans bidonville, synonyme d’un nouveau départ pour des milliers de Constantinois, après avoir été nourris d’espoir pendant plusieurs années.

En fait, comme les autorités excellent généralement dans l’art de «l’élasticité temporelle», tant ils nous ont habitués à laisser imperturbablement le temps au temps, d’aucuns considèrent aujourd’hui 2010 comme celle de la pose de la pierre inaugurale d’une vieille promesse qui semble en voie d’aboutir durant cet été. Mieux vaut tard que jamais !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire