mardi 4 août 2015

Le retour des praticiens médicaux inspecteurs réclamé

Monsieur le ministre, il est injuste de pointer du doigt uniquement les prestataires de soins et de faire croire qu’ils sont à l’origine de tous les dérèglements, car au regard de votre déclaration, les responsabilités administratives sont exclues.»
Les récentes mesures prises par le ministère de la Santé pour mettre de l’ordre dans le secteur délient les langues. Cette fois, c’est la Coordination nationale des syndicats des praticiens médicaux de santé publique (CNSPMSP), affiliée à l’UGTA, qui émet un communiqué lapidaire : «L’exemple des graves suspensions arbitraires ou de mutations prononcées abusivement ces derniers temps par les gestionnaires à l’encontre des prestataires de soins à Sidi Bel Abbès, Bouira, Blida, Tamanrasset n’est que le prélude du pire…» Pour le Dr Abdelhamid Sahel, président du bureau national de la CNSPMSP, la révélation fracassante du CHU de Constantine par la télévision publique n’est pas un scoop car ce cas a été «signalé depuis longtemps par les praticiens médicaux inspecteurs de (PMI) cette ville».

Devant ce constat, le CNSPMSP regrette que le corps des PMI, spécialisé dans l’inspection, le contrôle, l’audit et l’évaluation, ait été démantelé. Créé sous l’ère de Amar Tou en 2005, «ce corps de santé qui exerçait sous l’autorité (du ministre) et en toute indépendance, dans les champs d’intervention hors wilaya de recrutement, avait signalé textuellement les dysfonctionnements organisationnels et fonctionnels des services publics des deux secteurs de santé (privé et public). Les décisions de redressement des fautes constatées par des échéanciers ont été non seulement ignorées, mais mises définitivement au placard», dénoncent les rédacteurs du communiqué.

En décembre 2012, la CNSPMSP avait demandé audience auprès du ministre de la Santé pour regrouper les PMI mais la requête s’est soldée, selon le Dr Sahel, par une série de mesures contraires «faites de bâillonnement, de sanctions punitives et de mise en retraite forcée des trois quarts d’entre eux. Une action ministérielle qui a programmé l’extinction de ce corps puisque de son effectif, il ne reste que 98 élément sur 224 formés».

Allant plus loin encore dans ses dénonciations, le président du bureau national de la CNSPMSP écrit à l’adresse de Abdelmalek Boudiaf : «Le staff technique ministériel de 2010 ainsi que celui qui vous conseille depuis 2012 dans le domaine de l’inspection a démantelé sciemment ce réseau géo-sanitaire de contrôle éminemment important dans le rétablissement des vérités amères et gênantes.

Dans un premier temps, il s’est empressé de le démettre de sa tâche statutaire en le plaçant en tant qu’agent administratif sous l’autorité du directeur de la santé et de la population du lieu de recrutement, qu’il charge d’ailleurs de censurer tout compte-rendu portant atteinte aux intérêts sanitaires de leur wilaya respective. Dans un second temps, il installe des groupes administratifs de contrôle ministériel qui vous transmettent des comptes-rendus pondérés, mettant fin à toutes formes de son observance.»

Tranchant, le communiqué de la CNSPMSP exhorte le ministre à nettoyer d’abord devant sa porte : «Votre effort de vouloir redresser en même temps ces deux secteurs (privé et public) est admiré par le peuple, mais hélas ne peut aboutir car il est parasité de l’intérieur de votre ministère.»

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