samedi 26 mars 2016

«C’est chez l’élite politique où l’on est confronté au machisme et à la misogynie»

Elle dirige le parti de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), créé en 2012, et s’illustre par ses positions courageuses contre l’intégrisme, la politique d’exclusion exercée aussi bien par le pouvoir que la classe politique. Elle, c’est Zoubida Assoul, ancienne magistrate, devenue avocate, avant d’être chef de parti. Dans cet entretien, elle revient sur la situation du pays mais aussi sur sa participation au sein de l’Instance de suivi et de coordination de l’opposition (ISCO).   Le secrétaire général du FLN organise un rassemblement le 31 mars, le même jour où l’opposition, dont vous faite partie, tiendra sa conférence. Comment interprétez-vous cela ? Nous avons pris part à Zéralda 1, parce que l’Union pour le changement et le progrès (Ucp) considère que les problèmes auxquels est confrontée l’Algérie nécessitent la conjugaison des efforts de tout le monde. L’expérience a prouvé que cette crise ne peut être résolue par le pouvoir uniquement, ou par les partis politiques seulement. Le gouvernement reconnaît par les chiffres que la conjoncture géopolitique et économique exige une unité autour de l’Algérien et non pas autour d’un groupe ou d’un homme. La situation à nos frontières, en Tunisie, en Libye et au Mali est un poids énorme pour l’Algérie. D’abord pour assurer sa sécurité, mais aussi pour rassurer et aider les pays voisins. Leur sécurité est liée à la nôtre. L’arrivée de Daech en Libye et la circulation d’armes lourdes dans ce pays constituent un danger énorme pour l’Algérie. Nous ne sommes pas en campagne électorale présidentielle pour se positionner pour ou contre le Président. C’est de la déviation politique. Bouteflika a été réélu en 2014. Aujourd’hui, au lieu de faire face à la crise qui secoue le pays, l’alliance présidentielle se braque sur une opposition qui tente d’apporter des solutions, en lui refusant tout droit de critiquer. Si elle est liée au programme du Président, elle doit reconnaître son propre échec, et non pas celui de l’opposition, parce que celle-ci n’était pas aux commandes. Un parti comme le FLN dirige depuis plus de 50 ans. N’est-il pas responsable du désastre ? Qui dirige les APC, les APW, les deux Chambres ? N’est-ce pas le FLN ? Il faut que cette alliance change de regard sur l’opposition. L’ISCO est composée aussi d’anciens membres du régime et de partis politiques qui ont adhéré à la coalition gouvernementale. N’ont-ils pas une part de responsabilité dans cet échec ? Lorsque nous avons pris part à la première réunion de l’ISCo, nous avions, en tant que parti, donné notre avis sur cette question. En disant qu’il ne faut pas se situer autour des personnes, mais plutôt autour des solutions à la crise. L’Ucp, en tant que jeune parti politique, qui a fêté le 19 mars son troisième anniversaire, a émis de nombreuses propositions pour résoudre des problèmes profonds. Le pays vit une situation chaotique. Je reviens de Tébessa effondrée. Cette ville frontalière est un désastre par rapport à la ville tunisienne El Kef, qui lui fait face. Pourtant, la wilaya aurait dû être un pôle touristique par excellence. Elle recèle 64% du patrimoine archéologique algérien. Elle a été réduite à la contrebande. Pas de développement ou de projet structurant fédérant toutes les capacités de cette wilaya pour créer de l’emploi. Où vont tous ces jeunes sortis des universités ? C’est le désespoir total. Les partis réunis autour du gouvernement, doivent se situer autour des solutions à la crise. Nous pouvons aller vers des assises nationales, avoir une feuille de route avec des objectifs à court et moyen termes. Je suis révoltée lorsque j’entends certains partis de la coalition s’attaquer à l’opposition, comme si elle était la cause des malheurs de l’Algérie ! Ce n’est pas l’opposition qui a gouverné et mené le pays vers le désastre. Certains reprochent à l’opposition de se limiter uniquement aux réunions de salon au lieu d’aller sur le terrain avec des actions porteuses. Ont-ils tort ? Ce n’est pas vrai, du moins en ce qui concerne l’Ucp. Nous nous déplaçons dans les villes les plus lointaines pour sensibiliser les jeunes, leur donner de l’espoir, les motiver et leur apprendre la politique autrement. A l’Ucp, faire de la politique ne veut pas dire s’attaquer à des personnes. Lors des débats sur la révision constitutionnelle, nous étions peut-être les seuls à avoir proposé une Constitution entière avec 195 articles. L’Algérie a besoin de tout le monde. Si le gouvernement avait la possibilité de régler la crise, il l’aurait fait. Il faut se retrouver autour d’une table au lieu de s’opposer. Cela donne une piètre image de la classe politique. A l’Ucp, nous avons toujours plaidé pour un débat sans exclusive. Personne n’a le monopole du patriotisme ou de la bonne solution. Raison pour laquelle nous avions répondu à l’appel de l’ISCo, du FFS et du pouvoir. Pourquoi les partis au pouvoir s’attaquent-ils à l’opposition ? C’est un comportement d’exclusion et de parti unique. Le Premier ministre parle depuis des mois d’un nouvel ordre économique. Selon vous, de quoi s’agit-il ? Je ne pense pas que ce nouvel ordre existe, sinon il l’aurait mis en place depuis le début de la crise. Tous les gouvernements qui se sont succédé avaient pour mission d’appliquer le programme du président de la République. Tous se sont avérés inopérants et inefficaces parce que la réussite d’un programme économique, social et politique passe par l’adhésion du peuple et des partenaires socioéconomiques. De plus, il faut qu’il repose sur une feuille de route et un modèle, ce qui n’a jamais existé. Un choix économique n’est pas un discours ou un slogan. Il y a un élément fondamental, que le pouvoir en place n’a jamais pris en compte depuis 1962, à savoir la ressource humaine. La richesse est créée par les bons esprits et non par les mauvais. Le Japon est un exemple révélateur. Qu’a-t-il comme richesses, si ce n’est uniquement ses hommes. Des pays arabes — comme la Jordanie qui n’a pas de ressources et qui exporte sa ressource humaine — nous ont dépassés grâce aux compétences de leurs populations. Dans cette région, nous sommes les meilleurs en matière de législation, mais nous n’avons pas une société civile forte qui puisse faire pression sur le pouvoir à travers des plaidoyers, parce que nous avons délaissé la ressource humaine. Pourquoi cette société civile, particulièrement les femmes, qui a mené de multiples combats contre le colonialisme, le terrorisme durant les années 1990, pour les droits des femmes et la démocratie, est quasiment absente aujourd’hui ? C’est vrai que la femme algérienne n’a pas attendu le XXIe siècle pour devenir acteur. Avant même l’islam, il y a eu des femmes exceptionnelles, comme El Kahina, et durant la colonisation, comme Fathma n’Soumer, puis les nombreuses moudjahidate qui ont rejoint les maquis à l’âge de l’adolescence. Elles n’avaient pas besoin que quelqu’un leur dise «libérez-vous». Les Algériennes sont des battantes depuis la nuit des temps. Depuis 1962, toutes les Constitutions ont consacré l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce qui leur a permis, lorsqu’elles l’ont décidé, de s’instruire et de réussir. Vous n’avez qu’à voir les résultats des examens à tous les niveaux. Les meilleures notes sont obtenues par les filles. Malheureusement, la décennie du terrorisme nous a fait beaucoup régresser. La première manifestation contre le terrorisme a été organisée par les femmes le 22 mars 1994. A l’époque, j’étais cadre au secrétariat général du gouvernement et nous étions quatre femmes seulement à y avoir pris part. Je me rappelle que nos collègues avaient essayé de nous en dissuader  en nous disant que le secrétaire général allait faire une ponction sur nos salaires. Nous avions répondu : «Nos salaires ne valent rien devant l’Algérie.» La femme a toujours été au premier rang. Aujourd’hui, certains partis politiques ont peur que la gent féminine arrive au niveau de la prise de décision. Si le recrutement aux postes de décision se faisait sur des critères de compétence, elles seraient majoritaires dans la gestion des affaires publiques. Dans la magistrature, elles représentent 40% des effectifs, parce que le recrutement repose sur des critères objectifs. A l’école, elles sont majoritaires, parce qu’elles sont passées par un concours. Mais lorsqu’il s’agit de nominations qui reposent sur la volonté des politiques, elles deviennent invisibles. C’est le cas aussi bien au gouvernement qu’au sein des partis politiques. Le FLN, le plus vieux parti, n’a qu’une femme dans son bureau politique. Il en est de même pour tous les autres partis, qui n’en comptent, d’ailleurs, pas plus de deux dans leurs instances dirigeantes. Il n’y a qu’à l’Ucp que la parité est respectée… Comment expliquer cette alliance de l’Ucp, qui milite pour l’égalité et la parité, avec des partis qui font obstacle, comme vous dites, à l’émancipation de la femme et défendent un code de la famille décrié par les militants des droits de l’homme ? En fait, nous participons aux réunions et aux débats pour identifier les objectifs de chacun et connaître leurs motivations. Nous ne sommes pas d’accord avec certains faits. Au sein de l’ISCo, il y a des partis qui ne reconnaissent pas l’égalité entre les hommes et les femmes, qui confinent celles-ci dans le statut de mineure à vie, et qui se déclarent contre la parité. Je ne comprends pas ces réactions, surtout lorsqu’elles émanent de responsables de partis dits démocratiques. En fait, c’est au sein de ce regroupement que l’on se rend compte que la démocratie n’est pas un slogan, mais des comportements et des actes. Tous les partis de cette alliance, toute tendance confondue, sont d’accord pour que la femme ne soit pas au premier rang. Ils ont peur d’elle, parce qu’elle a prouvé, sur le terrain, que lorsqu’elle a eu à gérer les affaires publiques, elle l’a fait mieux que l’homme. Ne pensez-vous pas que ces réactions renvoient au statut de la femme dans la société en général et dans la famille en particulier ? C’est effectivement le cas. La femme a sa place pratiquement partout, dans le domaine du droit, du savoir, du travail, mais dans le domaine privé, sociétal, elle n’est malheureusement pas considérée. J’ai eu à débattre avec un chef de parti, de surcroît professeur à l’université, pour lequel la femme ne doit pas dépasser certaines limites, comme par exemple le fait de voyager seule. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte. L’Algérie est le seul pays arabe où la femme ne peut pas circuler seule la nuit. Moi, en tant que chef de parti, je ne peux pas sortir le soir. L’espace public nous est pratiquement interdit. Si vous vous plaignez, attendez-vous à ce qu’on vous dise : «Pourquoi êtes-vous sortie à cette heure-ci de la nuit ?» Des conservateurs utilisent la religion pour avoir la mainmise sur la prise de décision, que ce soit au sein des partis politiques ou au gouvernement. Lors de l’introduction de l’article 31 de la Constitution relatif au quota de femmes dans les postes électifs, les partis politiques sont allés chercher des candidates d’ailleurs. Pensez-vous qu’ils n’ont pas de militantes ? Non.Je connais de nombreuses militantes exceptionnelles au FLN, et au sein des partis dits démocrates, qui n’ont pas trouvé leur place à l’APN, ni dans les assemblées locales. L’exemple de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, est révélateur. Sa désignation a suscité une véritable levée de boucliers. N’ayant pas trouvé à redire sur ses compétences, ils l’ont accusé tantôt d’être francophile, tantôt juive, tantôt ne sachant pas parler l’arabe, etc. Franchement, qui a fait échouer l’école ? Benghebrit ? Non, c’est Benbouzid. Pourtant, à aucun moment, son nom n’a été évoqué. Ils se sont attaqué à elle, parce que c’est une femme, et qu’elle est la première responsable à avoir eu le courage d’aller au fond de la problématique de l’éducation, à savoir la formation des enseignants et la réforme du contenu pédagogique. L’école doit être le lieu du savoir et non pas de l’idéologie. Est-ce que Mme Benghebrit est responsable de ces jeunes qui sortent de l’école sans maîtriser ni l’arabe, ni le français, ni la culture et encore moins l’anglais ? Rappelez-vous les manuels scolaires des années 1990. Ils comportaient des textes qui expliquaient comment laver les morts,  la torture du Jugement dernier, etc. On enseignait l’obscurantisme et personne n’a critiqué. Le résultat est là. Nous avons une école malade et lorsque pour la première fois, nous avons une ministre compétente, qui apporte des solutions, on tire à boulets rouges sur elle, parce que c’est une femme. Les conservateurs ne veulent pas que la société avance. Etes-vous pour l’abrogation du code de la famille, étant donné qu’il est jugé comme étant la source de toutes les violences à l’égard des femmes ? Avant 1984, il n’y avait pas de code de la famille. J’étais magistrate et, à l’époque, les juges avaient ce pouvoir discrétionnaire qui leur permettait de statuer sur les affaires en se référant toujours au rite malékite. Aujourd’hui, les hommes utilisent cette même religion pour maintenir la femme dans un statut de mineure à vie. Le code de la famille comporte trop de paradoxes. Par exemple, vous savez que 40% des magistrats sont des femmes. Si une fille mineure veut se marier, c’est cette femme juge qui lui donne l’autorisation. Au vu de la loi, elle est son tuteur. Pourtant, cette même femme juge ne peut se marier sans tuteur. C’est quand même paradoxal. Bien sûr que toutes les femmes, quel que soit leur rang, ont besoin de leurs familles lorsqu’elles se marient, comme dans tous les pays du monde. Mais, en faire une condition du mariage est contraire à l’article 29 de la Constitution, qui stipule que tous les citoyens sont égaux devant la loi. L’autre paradoxe c’est que le code civil donne à cette même femme, qui a besoin d’un tuteur pour se marier, une responsabilité pénale. Si elle commet un crime, on ne lui dira pas qu’elle est mineure et que c’est son tuteur qui en assume la responsabilité. Elle est considérée comme un être majeur, responsable de ses actes. Mieux encore, dans le code civil, la majorité est arrêtée à 19 ans, âge où elle peut créer une entreprise, mais ne peut se marier sans tuteur. Les gens ne débattent pas ces questions sur des bases scientifiques et rationnelles. Ils évoquent des traditions que les hommes ont instaurées et préservées pour les servir. Pour éviter toutes ces mauvaises interprétations de la religion, ne pensez-vous pas qu’on doit revenir aux lois universelles ? C’est vrai qu’il y a trop de contradiction dans la charia, c’est-à-dire l’interprétation de la religion. On n’évoque la charia que lorsqu’il s’agit de la femme et de la famille. Nous n’avons jamais vu les partis islamistes se soulever contre les règles imposées par le FMI, contre l’import-import qui gangrène l’économie du pays, etc. Mais lorsqu’il s’agit des droits des femmes, ils se dressent pour appeler à l’application de la charia. Dans ce code de la famille, il y a des paradoxes incroyables. L’article 66 prive la fille qui divorce de la garde de son enfant, si elle ne se remarie pas avec un parent proche de son ex-époux. Cet article condamne des milliers de femmes au célibat, de peur qu’elles perdent leurs enfants. L’autre situation aberrante est le divorce par trois fois. Dans ce cas, si le mari veut reprendre sa femme, celle-ci doit prendre pour époux un autre homme et divorcer, avant qu’elle ne puisse se remarier avec lui. J’ai vu, en tant que magistrate, des hommes trouver des argumentaires fallacieux pour expliquer qu’il n’y a pas eu un divorce par trois fois, juste pour reprendre leurs épouses. Ces questions ne doivent pas être traitées sous l’angle idéologique. En tant que femme chef de parti, ou en tant que juge, avez-vous été confrontée à des comportements misogynes ? Le peuple se fiche du fait que le magistrat soit une femme ou un homme. Ce qu’il cherche c’est un juge honnête, juste et compétent. C’est chez l’élite politique que l’on est confrontée au machisme et à la misogynie. Même au sein de l’opposition, la femme est vue comme une intruse. J’ai souvent remarqué ce regard réducteur chez une certaine élite. Je ne généralise pas, puisque moi-même j’ai été élue par une majorité d’hommes pour présider l’Ucp. D’après vous, si ces mentalités ne changent pas, pouvons-nous parler d’égalité entre les sexes en Algérie ? Il faudra que la femme comprenne que si elle a décidé de s’instruire, elle doit aussi décider d’investir l’espace public et qu’elle se considère citoyenne à part entière et non pas au deuxième degré. Il faut qu’elle soit convaincue que le poste qu’elle occupe n’est pas un cadeau. C’est le résultat de sa compétence. Cela me révolte d’entendre à chaque fois les politiciens évoquer les compétences des femmes candidates aux postes supérieurs alors qu’on ne les entend jamais s’interroger sur les capacités des hommes, dont beaucoup ont commis des désastres, ruiné l’économie et dilapidé les deniers publics, sans qu’ils ne soient comptables de leurs actes. En tant qu’ancienne magistrate, quel regard portez-vous sur la justice ? La justice a fait d’énormes efforts sur le plan organisationnel, l’état civil, la nationalité, etc. Néanmoins, il reste beaucoup à faire pour assurer l’indépendance du juge, qui est là pour dire le droit. Dans le cadre des consultations pour la révision constitutionnelle, nous avions proposé de renforcer la protection du juge en mettant à la tête du Conseil supérieur de la magistrature un magistrat, élu par ses pairs. Malheureusement, cela n’a pas été retenu. Quel est votre avis sur les nombreux procès liés à la corruption qui ont eu lieu ces derniers temps ? D’abord, il y a beaucoup à dire sur la manière dont ces dossiers ont été traités, lors de l’enquête préliminaire et l’instruction. Je regrette l’absence de débats contradictoires avec les experts lors de ces procès, mais aussi la médiatisation négative de ces affaires. Ce qui est reproché dans ces procès, c’est ce sentiment de deux poids deux mesures. Comment un ministre qui chante l’Etat de droit, peut-il refuser de répondre à la justice même en tant que témoin ? C’est un déni de justice caractérisé. Le juge d’instruction a un rôle prépondérant dans ce genre d’affaire. Le code de procédure pénal lui donne tous les moyens pour arriver à la vérité. Est-ce par manque d’expérience ou de compétence ? Parfois les deux, parfois l’une ou l’autre raison. Les parquetiers reçoivent des instructions de la chancellerie, mais pas les juges qui doivent être indépendants. Je connais des magistrats qui ont eu le courage de dire certaines choses et ils ont été sanctionnés. C’est une vérité, même si ce n’est pas la règle. Mais être juge est aussi un choix qu’il faut assumer. Si la majorité des magistrats décident d’être indépendants, personne ne pourra être contre eux.     

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