Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), 50 millions d’individus, soit une personne sur trois, ont payé un pot-de-vin pour accéder à des soins ou à un service administratif. C’est ce que révèle un nouveau rapport de l’organisation de lutte contre la corruption, Transparency International, rendu public hier. Ce rapport est basé sur un sondage d’opinion réalisé dans 9 pays de cette région, dont l’Algérie, et sur un échantillon de 10 797 personnes au cours de la période septembre 2014 - novembre 2015. Le sondage révèle aussi qu’une personne sur trois ayant eu affaire au secteur de la justice a dû payer un dessous-de-table, contre une personne sur 4 ayant eu affaire à la police. Seule une personne sur 5 dénonce la corruption et 2 personnes sur 5 parmi les dénonciateurs de cette pratique ont subi des actes de vengeance. Alors que 61% des sondés estiment que le niveau de corruption est en hausse, 30% des personnes interrogées disent ne pas dénoncer les corrompus de peur de représailles. 68% des personnes interrogées jugent «médiocre» et «pas du tout efficace» la politique menée par leurs gouvernants dans la lutte contre la corruption. Alors qu’ils sont 51% à estimer que le niveau de corruption a augmenté les 12 derniers mois, 69% des Algériens qualifient la politique de lutte du gouvernement contre la corruption d’«inefficace» et «très mauvaise». En réponse à la question de savoir qui parmi ces personnes sont les plus corrompues, 31% des Algériens ont désigné le président de la République et le Premier ministre, 39% les parlementaires, les membres du gouvernement, et les membres des collectivités locales. 25% des Algériens ont désigné les policiers comme les plus corrompus, contre 40% qui ont cité les agents des Douanes. Les hommes d’affaires ont été qualifiés de «plus corrompus» par 37% des Algériens, contre 28% qui jugent les magistrats et auxiliaires de justice «pourris». 34% de la population algérienne sondée estime aussi que le secteur public est corrompu dans sa majorité contre 41% qui pensent que seuls quelques individus appartenant à ce secteur le sont. Le sondage de Transparency montre que 14% des Algériens, contre 9% en Tunisie, 4% en Jordanie et 48% au Maroc, ont dû payer des commissions en contrepartie d’un service public. Les secteurs où ces pots-de-vin ont été payés sont les écoles, les hôpitaux publics, les services d’état civil, les services (eau, électricité...), la police et la justice. Les personnes de condition modeste ou pauvre sont les plus vulnérables et susceptibles d’avoir recours à cette pratique pour accéder à des besoins et services. Le rapport de Transparency indique aussi que les femmes sont moins enclines à payer des commissions que les hommes, alors que les jeunes de 18 à 34 ans arrivent en tête dans la région MENA à utiliser les dessous-de-table comme moyen d’accéder à des services.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire