mercredi 20 décembre 2017

La société civile se mobilise

Devant comparaître ce matin devant le magistrat instructeur près le tribunal de Sétif, le forcené âgé de 34 ans est un ex-militaire, originaire de Beni Ouassine, commune du nord de la wilaya. Après le choc, la capitale des Hauts-Plateaux se réveille avec une grise mine. Les discussions en famille, dans la rue et au travail tournent autour de l’agression dont a fait l’objet, lundi matin, la statue de Aïn Fouara, une «vieille dame» de plus de 119 ans. Devant comparaître ce matin devant le magistrat instructeur près le tribunal de Sétif, le forcené âgé de 34 ans est, nous dit-on, un ex-militaire, originaire de Beni Ouassine, commune du nord de la wilaya. Il a été remis entre les mains de la police judiciaire qui a immédiatement ouvert une enquête pour cerner les différents aspects de la gravissime affaire. Pour de nombreux observateurs, ce forfait ne peut être un acte isolé. Muni d’un marteau et d’un burin, l’agresseur avait, qu’on le veuille ou pas, bien préparé son coup et fait le choix de s’attaquer à cette sculpture. Ayant fait le tour de la planète, les choquantes et bouleversantes images du forcené en train de porter atteinte à l’intégrité physique de la belle créature, l’autre mémoire de l’antique Sitifis a, sans doute, donné à réfléchir à une partie de la société civile locale qui se mobilise. Connue par son dynamisme, l’Association des anciens élèves du lycée Mohamed Kerouani, temple du savoir et du nationalisme, a lancé un appel pour la «protection» et la «sauvegarde» du patrimoine, invitant la société à rejeter toute forme d’intégrisme, car n’ayant pas de place dans notre société. Touchés dans leur chair, des Sétifiens et de nombreux citoyens des régions limitrophes se sont rassemblés, hier matin, sur le lieu du crime pour condamner l’acte ignoble et rassurer la «vieille dame». «La terrible information nous a bouleversés. Sans réfléchir un instant, on a décidé de faire le déplacement de Béjaïa pour dire non aux obscurantistes ennemis de la vie, de la beauté, de l’amour et de la tolérance», déclare les larmes aux yeux un couple bougiote. Une famille de Constantine est consternée : «Ce crime est abject. On a l’habitude de venir boire de l’eau bénite et prendre des photos avec la belle statue.» Les représentants des différentes formations politiques se sont, quant à eux, murés dans un silence de cathédrale. Ce point n’a pas échappé à de nombreux Sétifiens qui s’interrogent : «Où sont passés les sénateurs, les députés et les élus locaux qui se terrent au mauvais moment ?» Présents lors de l’agression, des jeunes reviennent en détail sur bon nombre de points : «Avec un corps de catcheur, l’agresseur n’a pas été délogé aussi facilement. Il a fallu l’implication de tout un groupe de policiers pour le maîtriser. Malgré les pierres balancées par des citoyens scandalisés, l’agresseur a continué sa sale besogne. Muni d’une pelle, un jeune en colère lui a asséné de nombreux coups. Il ne faut pas croire que les gens présents ont laissé faire le forcené. On a réagi par orgueil et par amour à cette belle créature qui n’est pas une dépravée. La nudité de la statue, en place depuis plus de 119 ans, ne dérange que les frustrés. La réaction des gens venus au secours de la statuette n’est ni plus ni moins qu’un acte citoyen. L’amour de la cité nous oblige à réagir et à la défendre au péril de nos vies. Nos propos ne sont pas la langue de bois des politiques, inscrits aux abonnés absents.»       

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