Depuis hier soir, le haut fourneau n°2 (HF) du complexe Sider El Hadjar est à l’arrêt. Selon des sidérurgistes sur place, la rupture de stock de coke, un combustible utilisé pour chauffer le haut fourneau (HF2) de l’usine pour la production de l’acier en est la raison, ayant entraîné sa mise en veilleuse et la cessation d’activité des fondeurs. La durée de cet arrêt forcé est de plusieurs jours. «C’est une absence de prévisions qui coûtera cher au complexe. En effet, depuis hier nous ne disposons plus de coke pour assurer les coulées quotidiennes en fonte. Nous sommes obligés de mettre à l’arrêt le haut fourneau en attendant l’arrivée de la cargaison de coke pour le redémarrer», confirme un ingénieur de Sider El Hadjar. Cette cargaison, selon les services portuaires, est actuellement en pleine mer. Chargé en coke, le navire en provenance de Chine arrivera en rade demain (aujourd’hui) en milieu de journée. «Effectivement, un navire de coke figure dans nos prévisions d’aujourd’hui. Il sera en rade vers midi et si les conditions météorologiques sont bonnes, il sera placé en quai la même journée. Quant au déchargement du coke, il ne relève pas de notre compétence. Les installations permanentes de Sider El Hadjar au niveau de la partie sud du port assureront cette opération», a expliqué Harkati Abdessalem, le P-DG de l’Entreprise portuaire de Annaba. Mais pourquoi en est-on arrivé à cette situation où le haut fourneau est mis à l’arrêt avec le risque de ne pas pouvoir le redémarrer ? «La mauvaise gestion», répondent à l’unanimité les cadres sidérurgistes du com-plexe d’El Hadjar. Outre le coke, plusieurs autres produits consommables, tels que les briques réfractaires et des huiles spéciales, figurent sur la liste des matières menacées de rupture d’approvisionnement. Dommageable, cette situation l’est à plus d’un titre puisqu’elle intervient au moment où on crie à la mévente alors que la demande bat son plein. «D’un côté, on avance l’argument du manque d’argent pour assurer l’approvisionnement en coke, et de l’autre, le stock en produits sidérurgiques dépasse les 40 000 tonnes dont la demande pour le rond à béton n’a jamais était entièrement satisfaite. Ce qui n’est pas le cas pour les brames d’acier qu’on vient de vendre à un étranger à un prix dérisoire. C’est-à-dire qu’on veut tout brader au profit de tiers», dénoncent des cadres commerciaux de Sider El Hadjar. Saisi, le wali de Annaba, Mohamed Salamani, a pris attache avec ces derniers et compte sévir avec force pour mettre fin à ce qui semble être une atteinte à l’économie nationale. Rappelons que la direction des fabrications militaires du ministère de la Défense nationale étudie l’option de reprendre le complexe sidérurgi-que d’El Hadjar, comme ce fut le cas pour plusieurs autres usines civiles, notamment de construction mécanique (SNVI) et de textile (Sonitex) et dont la majorité est en difficulté financière. «Le complexe Sider El Hadjar, qui est appelé à fabriquer dans un proche avenir les produits plats, pourrait facilement se greffer à l’industrie de véhicules militaires algériens. En effet, il intégrera les ateliers de fabrication des camions et bus de la SNVI, de celle de production de véhicules de marque Mercedes Benz de Tiaret et des véhicules spéciaux de Constantine», plaident des sources militaires. Cette action répond, faut-il le préciser, à l’appel des sidérurgistes qui dénoncent quotidiennement une mainmise externe sur la production de l’usine. «Nous préférons travailler sous la coupe de l’armée au lieu de laisser les rênes de notre complexe aux mains d’un clan d’opportunistes avec, paradoxalement, la complicité du secrétaire général du syndicat et du directeur général. Avec la mise en application du partenariat public/privé (PPP) le capital de notre usine risque également d’être intégré par le secteur privé comme ce fut le cas de Fertial avec Ali Haddad du FCE. A ce propos, nous lançons un appel de secours au vice-ministre de la Défense, le général-major Ahmed Gaïd Salah, qui réside à Annaba, pour œuvrer dans ce sens afin de placer sous le giron de l’armée nationale l’usine d’El Hadjar et sauver cet outil de travail duquel dépendent plus de 4500 travailleurs», espèrent les employés du complexe.
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