dimanche 21 janvier 2018

Les appréhensions et les réserves des syndicalistes

La privatisation est revenue au-devant de la scène et suscite des interrogations, voire des remous depuis la tenue, le 23 décembre dernier, d’une tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) et qui s’est soldée par la signature de la charte pour un partenariat public-privé (PPP). Si pour certains l’ouverture du capital social des entreprises publiques ne signifie nullement la privatisation de ces entités, pour des syndicalistes de l’UGTA c’en est vraiment une. «La charte n’est qu’une référence pour le PPP, il livre les grandes lignes et lorsque l’on parle de partenariat, on parle inévitablement de l’ouverture de capital, ce qui veut dire la privatisation partielle ou totale de l’entreprise», explique Amar Takdjout, président de la Fédération nationale de textile. Les syndicalistes de l’UGTA insistent sur le flou qui entoure cette question. «La base de la centrale syndicale n’a pas été associée à ce processus et aujourd’hui personne n’est en mesure de dire comment le pouvoir va s’y prendre», note Mokdad Messaoudi, secrétaire général de l’union locale de Rouiba. La base de l’UGTA exige, avant la réouverture du dossier des privatisations, un bilan de toutes celles menées ces dernières années et qui ont été, selon bon nombre d’observateurs, un échec total en raison de la corruption, l’opacité et la bureaucratie qui plombent le processus de mise en vente des entreprises publiques. «Le manque de transparence dans ce domaine est à l’origine de l’échec des privatisations dans notre pays. Que le pouvoir nous donne la liste des entreprises à privatiser. Quels sont les critères retenus pour leur privatisation ? Pourquoi le recours à la privatisation et non au redressement des entreprises ?» s’interroge M. Messaoudi, regrettant le bradage, par le passé, de plusieurs entreprises qui étaient relativement en bonne santé. «Plusieurs entreprises viables ont été vendues à des étrangers. D’autres ont été bradées, à l’image de l’hôtel El Riadh. Nous refusons la réédition de ce scénario. Un partenariat c’est bien, mais la transparence évitera un énième échec de ce processus», avertit M. Messaoudi. Échec total de toutes les privatisations Pour Amar Takdjout, le partenariat n’est pas éminemment politique mais plutôt économique. C’est une convergence d’intérêts entre deux ou trois opérateurs. Un partenariat doit avoir, selon lui, une connotation purement économique. «Les opérateurs intéressés interviennent ensemble, chacun gagne des parts : l’un apporte son savoir-faire, l’autre la technique, et ce, dans le but de redynamiser ou de sauver une entreprise. Maintenant, si on décide de manière unilatérale de privatiser une entreprise en lui imposant un partenaire, cela devient de la liquidation, surtout si l’entreprise n’est pas convaincue par le principe de privatisation», tranche M. Takdjout. Des syndicalistes de l’UGTA sont contre le recours aux injonctions d’en haut pour donner des parts d’une entreprise quelconque à telle personne.  «Il s’agit là d’un désengagement de l’Etat de la sphère économique dans le but de se débarrasser de l’entreprise publique. Pour privatiser une entreprise, il faut d’abord tracer un objectif», affirment des syndicalistes. Aujourd’hui, les syndicalistes de l’UGTA se posent une multitude de questions en raison du flou et de l’absence d’informations concernant l’ouverture du capital social des entreprises. Est-ce que les gens qui exercent dans le circuit de l’informel vont acheter les parts de ces entreprises afin de légitimer leur argent ou est-ce destiné uniquement à ceux du formel ? Pourquoi les entreprises privées qui sont en difficulté ne sont pas concernées par cette ouverture du capital ? Pour M. Takdjout, les échecs de la privatisation sont dus essentiellement aux problèmes économique et culturel de l’entreprise.  «Si nous n’avons pas la notion économique comme objectif et si nous n’avons pas une vision de la culture de l’entreprise, nous aurons des soucis à traduire cette volonté sur le terrain», note M. Takdjout. De l’avis des syndicalistes, l’instruction du président de la République n’est pas en contradiction avec le contenu et l’esprit de la charte relative au partenariat public-privé.  

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