De nombreux pays, à l’instar de l’Allemagne, la Russie ou la Pologne ont engagé, durant les années 1990, des processus de privatisation avec des fortunes diverses. Dans le cas allemand, l’action de la Treuhandanstalt, l’organisme créé en 1990 par le gouvernement d’Helmut Kohl pour mener à bien les privatisations et les restructurations industrielles de l’ex-RDA, a laissé un souvenir mitigé et une dette importante à la charge de l’Etat allemand. Lorsque ce fonds est né en mars 1990, la tâche était colossale : il s’agissait de mettre sur le marché 14 600 entreprises socialistes regroupant 4 millions d’employés. La valeur des entreprises était alors estimée à 600 milliards de marks. Etaient également à vendre 2,4 millions d’hectares de terres arables et de forêts ainsi que la fortune de la police politique (Stasi) et les biens de l’ancienne armée est-allemande. Ce processus a été marqué par des scandales en série : ventes douteuses, enrichissement, cession de biens en dessous de leur valeur… Cette privatisation à pas de géant s’était soldée par un effondrement de l’économie est-allemande : le nombre d’emplois des entreprises privatisées est passé de 4,1 millions mi-1990 à 1,24 million au 1er avril 1992. Au moment de sa liquidation en 1994, la société fiduciaire chargée de mettre en œuvre le plan de privatisation, affichait un passif de 270 milliards de marks. Cela dit, le bilan comptait quelques succès, comme la privatisation des chantiers navals de la mer Baltique, toujours en activité. En Russie, à la suite de la dislocation de l’Union soviétique, le président Boris Eltsine, poussé par les Etats-Unis et la Banque mondiale, procédait à des réformes économiques ultralibérales, en espérant susciter la croissance. A partir de 1992, le pays privatisait massivement et une «thérapie de choc» était lancée à partir de 1994 : 50% du secteur public (plus de 100 000 entreprises d’Etat) était alors privatisé. Dans un contexte de privatisations hâtives et d’inflation persistante, la transition s’est d’abord traduite par une quasi-division par deux du produit intérieur brut (PIB). Le chômage, qui s’élevait à moins de 0,1% de la population active au début des années 1990, avait grimpé à 0,8% en 1992 et jusqu’à 7,5% en 1994, quatre fois plus vite qu’en Biélorussie (0,5% en 1992 et 2,1% en 1994), qui a adopté une méthode plus graduelle de libéralisation. Le niveau d’inégalité en Russie était devenu comparable à celui des sociétés latino-américaines. Les privatisations profitaient à un petit groupe de personnes (oligarques), qui, grâce à la corruption des fonctionnaires et même de l’entourage du Président, arrivaient à bâtir des fortunes colossales. A l’instar de la Russie, la Pologne, un pays post-communiste d’Europe centrale, a reconverti son économie de type socialiste vers une économie de marché à partir des années 1990. Un vaste programme de réformes connu sous le nom de «thérapie de choc» a été lancé par le ministre des Finances de Leszek Balcerowicz. Ce programme, fortement contesté par certains populistes à l’époque, prévoyait une monnaie convertible, la suppression de presque tous les contrôles des prix, l’institution d’un contrôle des salaires et la privatisation de nombreuses entreprises. Néanmoins, cette restructuration rigoureuse provoquait dans un premier temps une augmentation rapide du chômage qui atteignait un niveau élevé au début des années 1990 (18% de la population active), et la diminution du revenu disponible, en raison d’une inflation galopante (43% en 1992). Le produit intérieur brut (PIB) polonais chutait de 18,3% durant la période 1990-1991. La loi dite de «privatisation de masse», en mai 1993, avait permis la privatisation de 600 grandes entreprises industrielles représentant entre 15 et 20% de la production industrielle polonaise et 10% du PIB de la Pologne. Après deux années de récession, l’économie polonaise commença à se remettre sur les rails. La croissance annuelle du pays connaît une forte hausse : 2,6% en 1992, 3,8% en 1993, 7% en 1995 et 5,6% en 1997
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire