Les services de sécurité ont empêché hier les médecins résidents de tenir leur rassemblement à la faculté de médecine de Ben Aknoun. Des unités d’intervention ont violemment réprimé leur manifestation, faisant plusieurs blessés parmi les résidents. Tôt le matin, un imposant dispositif de sécurité a été mis en place et a quadrillé les lieux. Des policiers antiémeute étaient sur le qui-vive dans un large rayon d’action : du stade d’El Biar au rond-point de la fac de médecine, en passant par la Cour suprême. Sans compter les nombreux policiers en civil à l’intérieur et surtout aux alentours de la fac qui ont entamé une chasse aux blouses blanches. Tout «suspect» a fait l’objet d’un systématique contrôle d’identité. Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a vivement dénoncé, dans un communiqué rendu public, la répression violente de la police : «Nous dénonçons avec fermeté les sévices subis par nos consœurs et confrères – dont les docteurs Hadjab et Afiri, membres du bureau national – aujourd’hui au sein même de la faculté de médecine de Ben Aknoun et ses environs, leur embarquement de force dans des camions de police et leur conduite vers une destination inconnue.» Le Camra appelle «la corporation – professeurs, maîtres assistants, assistants et tous les autres acteurs du système de santé – à prendre position quant aux violences et au mépris que subissent leurs jeunes confrères médecins résidents depuis plus d’un mois». Certains ont été, sans aucun motif, embarqués à bord des fourgons de la police et transférés aux commissariats adjacents (Ben-Aknoun, Draria, Chéraga, Zéralda) et leurs téléphones ainsi que leurs papiers d'identité ont été confisqués jusqu'à «nouvel ordre». Les médecins résidents qui ont été arrêtés au cours de la matinée ont été libérés en milieu d’après-midi. De ce fait, «nous appelons l'ensemble des résidents à reprendre l'activité de garde à compter de 16h», est-il mentionné dans la page Facebook du collectif Camra 2017. Des résidents non concernés par l’examen se sont également déplacés pour soutenir l’action des boycotteurs, mais se sont vu refuser l’accès à l’enceinte de la faculté. Les médecins résidents ont boycotté hier le premier jour de l’examen du DEMS. «Seulement 5 médecins militaires sont entrés dans les salles d’examen. 85% des médecins résidents ont boycotté le DEMS, c’est une réussite», a estimé le représenté du Camra. Ainsi donc, comme annoncé la semaine dernière, les candidats au DEMS n'ont pas passé les examens. La décision de boycott est valable «jusqu’à satisfaction de toutes les revendications». Cette décision avait été prise suite au «refus exprimé par les responsables du ministère, lors de leur réunion avec les membres du bureau national du Camra».Dans une précédente déclaration, le Dr Mohamed Taileb, représentant du Camra, a soutenu que «les médecins résidents vont boycotter pas moins de 67 examens qui sont programmés du 19 mars au 19 avril». De son côté, Tahar Hadjar, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a assuré, samedi dernier, que les épreuves du DEMS se dérouleront comme prévu et qu’elles ne seront pas reportées. Il a clairement affirmé que «les médecins résidents concernés doivent assumer leur entière responsabilité». Les médecins résidents sont en grève depuis la mi-novembre pour réclamer notamment l'abrogation du «service civil» les obligeant à exercer pendant au moins deux ans dans des zones parfois éloignées, au terme de leurs longues études, en plus des 12 mois de service militaire, obligatoire pour tous les Algériens de sexe masculin. Ils exigent aussi une réforme de leur formation et la révision de leur statut.
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