samedi 1 août 2015

Canicule et taux d’humidité exceptionnels : Le pays étouffe

L’été dans toute sa puissance étouffante. Des pics de température qui dépassent les 40°C, doublés de taux d’humidité atteignant les 90% affolent les capteurs et perturbent les citoyens dans leurs comportements habituels et leur santé.
Depuis une semaine, les Algériens vivent à un rythme lent pour éviter la surchauffe. Si les routes menant vers les plages ou autres lieux de rafraîchissement sont prises d’assaut, dans les grandes villes, les automobilistes, même ceux disposant de l’option indispensable, le climatiseur, évitent de sortir aux heures les plus chaudes.

Les destinations les plus prisées sont celles qui ont naturellement ou techniquement les moyens nécessaires pour garantir une température clémente. Le métro d’Alger par exemple.

Un afflux inhabituel dans le métro d’Alger, dû aussi à l’ouverture de la nouvelle ligne vers El Harrach, est constaté dans les stations et les rames.

Il faut dire que la température y est idéale. A la station Mer et soleil, deux jeunes assis sur un banc du quai ont les yeux rivés sur les écrans de leur smartphone. «Je ne bougerai pas d’ici de toute la journée. Il fait bon et il y a le réseau de téléphonie. Je refuse de sortir pour me faire griller dehors», promet l’un d’eux.

Dehors, justement, les indicateurs de température des voitures s’affolent et affichent «error» à la place des chiffres.

Dans les ruelles d’Alger, habitants et visiteurs de la ville obligés de sortir marchent souvent d’un seul côté de la rue. La quête de l’ombre est une question de survie. Les autres restent terrés chez eux sous les climatiseurs, à la merci de Sonelgaz.

A cause de la surcharge et de l’augmentation vertigineuse de la consommation, les coupures de courant sont fréquentes pour le malheur des personnes fragiles et des commerçants.

Des coupures qui n’épargnent même pas les structures de santé. «On a subi plusieurs fois des coupures de courant aujourd’hui. Le système de climatisation est hors service depuis ce matin», dénonce un responsable du service des urgences et de réanimation de l’hôpital Mustapha Bacha.

Pourtant rénové en 2011, à l’intérieur du service, la température est quasi insupportable. «Regardez l’humidité, elle a tout inondé», fulmine-t-il. Dans la salle de réanimation, les murs, le présentoir en faïence et le sol sont humides.

Des flaques d’eau sont visibles sous le lit d’une patiente. «Elle a subi une opération au foie. Elle est asthmatique et avec ce taux d’humidité, elle a fait un malaise», s’offusque un quadragénaire en désignant sa parente alitée. «Hier, il faisait presque froid dans ce service. Mais aujourd’hui, les climatiseurs sont à l’arrêt. Et les malades suffoquent», regrette notre guide.

S’agissant de la fréquentation du service par des malades atteints d’un malaise dû à la chaleur, les praticiens affirment ne pas avoir enregistré de phénomène inhabituel. «On est un centre important de l’Algérois. Les malades viennent de toutes les régions. Mais on n’a pas constaté ces derniers jours de phénomène particulier», explique un médecin.

Ce dernier reconnaît que durant ces grandes chaleurs, des cas de malaises ont été pris en charge. «Ce sont surtout les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, comme l’hypertension ou le diabète. Elles arrivent avec des vomissements, une déshydratation, de la diarrhée ou carrément des paralysies dues à des troubles ioniques», explique encore le praticien, qui recommande de boire au minimum un litre et demi d’eau par jour. «La chaleur est un pas vers la mort.

A cause de la chaleur, de manière directe ou indirecte, toutes les pathologies sont exacerbées», soutient un professeur de médecine qui a requis l’anonymat. Ce dernier regrette qu’il n’y ait pas d’étude épidémiologique pour déterminer les conséquences de cette hausse des températures sur la population. «Oui, la chaleur tue.

Par les effets de l’hyperthermie, la conservation, les maladies nosocomiales, l‘exacerbation des autres maladies, mais aussi elle tue la volonté de travail», rage ce professeur contre le personnel du service. «Pour connaître les effets de cette chaleur et de l’humidité sur la population, il faut faire comme en France, une cellule de veille spécialisée», recommande le professeur.

Des pics de chaleur pour les prochains jours

Après une petite baisse des températures, hier, d’autres pics de chaleur sont attendus pour les semaines à venir. Rappelons que les périodes les plus chaudes de l’année dernière ont été enregistrées, dans la rétrospective 2014 de l’Office national de la météorologie, durant les mois d’août et septembre.

Jeudi, le ministère de la Santé a appelé les citoyens à se prémunir contre cette canicule saisonnière : il faut fermer les volets et les rideaux des façades exposées au soleil, maintenir les fenêtres fermées tant que la température extérieure est supérieure à celle intérieure, éviter de sortir aux heures les plus chaudes ou le faire, en cas de nécessité, tôt le matin ou tard le soir.

A l’extérieur, les citoyens sont conviés à mettre des vêtements légers et amples et à rester à l’ombre et à l’abri d’une exposition prolongée au soleil. Dans la mesure du possible, il leur est également préconisé de prendre plusieurs douches par jour, de boire suffisamment et d’éviter les boissons très sucrées ou à forte teneur en caféine, reprend l’APS du communiqué.

Le ministère de la Santé déconseille également les activités extérieures (sport, jardinage, bricolage...) et invite la population à être en alerte, en cas de forte vague de chaleur, à ces symptômes : maux de tête, envie de vomir, soif intense, peau anormalement chaude, rouge et sèche et confusion mentale.

Ces symptômes peuvent indiquer un coup de chaleur, explique le ministère de la Santé, qui recommande, le cas échéant, d’agir rapidement en appelant les secours (SAMU, Protection civile) et conseille quelques gestes en attendant l’arrivée de ces derniers. Il s’agit de «transporter la personne présentant l’un de ces symptômes dans un endroit frais, la faire boire, l’asperger d’eau fraîche ou la couvrir avec un linge humide et enfin de l’éventer», conclut le communiqué de l’APS.

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