samedi 1 août 2015

Ministère de la Santé : «Il n’y a aucune campagne contre le privé»

Une vaste opération de contrôle des établissements privés de santé a été lancée par les autorités sanitaires, qui annoncent que cette action ne va pas s’arrêter de sitôt.
Ce sont là les réponses de Omar Bouredjouane, inspecteur général au ministère de la Santé, à nos interrogations sur les sanctions prises ces derniers jours à l’encontre de nombreuses structures privées.

«Les établissements privés, tout comme ceux qui relèvent du secteur public, exercent des activités réglementées qui se sont développées ces dernières années, malheureusement pour bon nombre d’entre elles, dans l’anarchie.

A titre d’exemple, sur les 413 établissements de santé privés ciblés par une inspection des autorités sanitaires à Alger, 20 ont fait l’objet d’une mesure de fermeture, 45 ont reçu des avertissements et 10 autres des blâmes», explique l’inspecteur général, précisant que les sanctions concernent aussi bien les établissements hospitaliers privés que les centres de diagnostic et les activités spécialisées. Les griefs sont nombreux et ont tendance, note notre interlocuteur, à se généraliser : «Comme je l’ai souligné, ce sont des activités réglementées. Toute anomalie tombe sous le coup de la loi et relève du pénal.

Mais nous ne sommes pas allés jusque-là. Nous avons constaté de nombreux remplacements anarchiques, c’est-à-dire sans l’accord de l’autorité sanitaire.

Il y a eu également de nombreuses extensions et des consultations non autorisées mais aussi des non-respects de la réglementation en matière d’obligation pour les cabinards d’avoir une salle d’attente, de traiter les déchets hospitaliers ou à défaut de les confier, dans le cadre de conventions, à des structures qui ont les moyens de le faire et d’avoir au moins une ambulance.

En fait, il y a de tout, y compris le recours à des médecins étrangers sans autorisation et la violation de la réglementation relative aux conditions d’hygiène.» Il révèle que «sur les 122 officines pharmaceutiques inspectées, dans 98 d’entre elles, les contrôleurs n’ont pas trouvé de pharmacien.

Ce qui est en contradiction totale avec la réglementation». Pour ce responsable, ces missions de contrôle ont été programmées dans de nombreuses wilayas.

A Blida, dit-il, ces inspections ont été suivies de la fermeture de 3 cliniques pour exercice illégal, alors qu’à M’sila une clinique de chirurgie générale a été fermée pour activité non autorisée. M. Bouredjouane n’y a pas été avec le dos de la cuillère concernant les structures privées défaillantes : «Il n’est plus permis de continuer à fermer les yeux sur le laisser-aller. Tout le monde doit se conformer à la réglementation pour bannir l’anarchie dans le secteur de la santé…» Interrogé sur la responsabilité de l’autorité de contrôle sanitaire, notre interlocuteur répond : «En fait, les seuls responsables de ce laisser-aller sont ceux qui n’ont pas respecté la réglementation.

Les contrôles de conformité se font avant l’ouverture des structures. A ce stade, tout est réglementaire. Il n’y a aucune anomalie à relever. Mais une fois l’activité lancée, le non-respect de la réglementation est constaté.

L’absence de contrôle ne peut à lui seul justifier l’anarchie dans laquelle les missions d’inspection ont trouvé certains établissements, cabinets et pharmacies. Les contrôles des cabinets privés, par exemple, se sont soldés par 62 sanctions entre fermetures, blâmes et avertissements.

Les griefs vont du non-respect de l’hygiène à la pratique illégale des actes de circoncision en passant par l’inexistence d’autorisation pour l’extension d’activité, etc. On ne peut plus tolérer ce genre de situation.» Cela étant, ajoute l’inspecteur général, dans le secteur privé il n’y a pas que des défaillances. «Il y a des établissements qui sont aux normes internationales. Ils n’ont rien à envier à ceux de l’étranger.

Sur les 26 contrôlés à Alger, 2 sont aux normes européennes. Leurs responsables ont été d’ailleurs félicités pour leurs efforts. Nous voulons que le privé soit intégré dans le réseau de santé national dont la mission est aussi bien curative que préventive.

Sachez que 60% des structures privées se trouvent concentrées dans 8 wilayas seulement du nord du pays, dont Alger, Oran, Constantine, Annaba, Blida et Sétif. Le sud du pays est déserté tout comme les Hauts-Plateaux.» L’inspecteur général reconnaît par ailleurs que cette situation de défaillance «n’est pas propre» au secteur privé et l’exemple le plus concret a été donné il y a quelques jours par les services de maternité de l’hôpital de Constantine.

Néanmoins, M. Bouredjouane impute l’anarchie que les caméras de la télévision algérienne ont mis en évidence au chef de service auquel, selon lui, «ordre lui a été donné, en 2014, de transférer le service à El Khroub pour opérer la réhabilitation totale de l’établissement. Seul ce service n’est pas parti.

Les malades qui étaient répartis sur les trois étages ont été regroupés dans un seul étage, après avoir entamé une opération de réfection des deux étages restants. Il est inadmissible qu’un chef de service puisse accepter de travailler dans des conditions d’insalubrité aussi effroyables, alors qu’il a à sa disponibilité 63 femmes de ménage. Pour nous, la responsabilité du chef de service est engagée tout autant que celle du directeur de la santé».

L’inspecteur général s’attarde sur la gestion de ce service au sein de cet hôpital, qui a vu défiler 5 directeurs généraux en moins de 4 ans. Lors de la mission de contrôle effectuée dans le cadre de l’enquête, les inspecteurs ont constaté plusieurs anomalies graves de gestion, en dehors du fait que le service n’a pas été transféré il y a plus d’une année, conclut le responsable.

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