Dans le cadre de la promotion et la modernisation de l’artisanat, 12 bijoutiers activant dans la wilaya de Tizi Ouzou ont bénéficié, depuis janvier 2014, d’une aide de l’Etat pour l’acquisition de matériel et outillage spécifiques à la fabrication du bijou traditionnel.
C’est ce que nous a indiqué le directeur de la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM), Abdelkrim Berki. Ces dons, d’un montant de 50 millions de centimes chacun, sont puisés dans le Fonds national pour la promotion de l’artisanat traditionnel.
«Ainsi, 96 artisans activant dans les métiers traditionnels (bijouterie, poterie, habit traditionnel, tapisserie et broderie berbère) ont bénéficié d’aides d’un montant global de 5 milliards de centimes», a précisé le même responsable. «Notre wilaya est classée deuxième à l’échelle nationale après Alger avec 660 bijoutiers immatriculés à la CAM.
Près de 600 autres exercent au noir dans des ateliers familiaux hérités de père en fils. Nous ne pouvons pas les forcer à faire la carte d’artisan. Nous ne les excluons pas.
Nous allons continuer à les encourager par des formations, des aides et l’extension de leur activité. Le dispositif d’aide mis en place par l’Etat au profit des bijoutiers vise notamment à les maintenir dans ce métier ancestral qui nourrit des centaines de familles en Kabylie.»
Selon M. Berki, d’autres actions dédiées à la promotion du bijou traditionnel ont été menées dans la wilaya de Tizi Ouzou ces dernières années, dont l’organisation de formations au profit de jeunes, la tenue de salons et expositions, la mise à niveau des connaissances et aptitudes des joailliers permettant d’aider à la relance de cette filière artisanale.
Dans le même sillage, les pouvoirs publics ont introduit des mesures incitatives en leur faveur comme la réduction des charges et taxes, a t-on appris.
Des efforts jugés insuffisants par les professionnels de la filière qui pâtissent de la cherté des matières premières, de l’inexistence d’un réseau de distribution pour la commercialisation de leurs produits à travers le pays, mais également de la concurrence déloyale du bijou de fantaisie qui inonde le marché algérien.
Des artisans rencontrés lors de la 12e fête du bijou berbère qui se tient depuis jeudi dernier àAth Yenni plaident pour un véritable plan de sauvetage de ce qui reste de cette activité millénaire, qui enregistre un déclin ces dernières années.
Comment ? Par la mise en place de mécanismes d’aide et de soutien qui permettraient la sauvegarde de ce métier à travers une assistance financière pour l’achat de la matière première, la formation des apprentis-artisans, le développement des circuits de commercialisation ainsi que l’institutionnalisation d’un label au profit du bijou kabyle.
Interrogé sur la rareté et la hausse des prix des matières premières de base, dont l’argent brut, le directeur de la CAM a précisé que le prix de ce précieux métal, cédé actuellement à plus de 90 000 DA le kilo, est déterminé par sa cotation à la Bourse internationale. S’agissant du prix exorbitant du corail, intrant indispensable dans les «recettes» des ateliers de fabrication de bijoux traditionnels, notre interlocuteur a affirmé : «C’est l’Agence nationale pour la transformation et la distribution de l’or et des autres métaux précieux (Agenor) qui gère la commercialisation. Les prix varient, selon la qualité, de 30 000 à 300 000 DA.
Le problème d’approvisionnement des artisans-bijoutiers de la wilaya de Tizi Ouzou est en voie de résolution. Quelque 17 tonnes de corail seront distribués à travers le territoire national et les artisans locaux auront bien évidemment leur quota».
S’exprimant à l’ouverture de la Fête du bijou, Mme Khellout Aïcha, directrice centrale chargée de l’artisanat au ministère de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, a annoncé qu’un quota de 70% du corail pêché sera réservé aux artisans bijoutiers. «Ce sont les mêmes promesses ressassées chaque année», affirment les professionnels présents à Ath Yenni.
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