Malgré un bilan « préoccupant » des accidents survenus sur nos routes, le commissaire divisionnaire Naït El Hocine Ahmed du centre national de la prévention et la sécurité routière(CNSPR) se veut rassurant et surtout nuancé dans un entretien accordé à ElWatan.com. Selon lui, l’accidentalité durant le mois de ramadan requiert certes des particularités mais ce mois n’est pas particulièrement « accidentogène »par contre les accidents durant ce mois sont plus graves par rapport aux autres mois. Il y a toujours autant d’accidents sur nos routes, et encore plus durant le mois de carême. Pourquoi ? Les indicateurs de l’insécurité routière ont connu une baisse, légère et constante, au cours de ces dernières années, sans pour autant descendre sous la moyenne annuelle des 4.000 morts. En dépit, de ce bilan préoccupant, qui peut être qualifié de véritable hécatombe, il convient de faire remarquer que les chiffres de la sinistralité routière sont demeurés stables en Algérie et ce, malgré une croissance effrénée du parc automobile qui, dans d’autres pays comparables au notre, conduit irrémédiablement à une explosion de l’accidentalité. Pour ce qui est des accidents survenant au cours du mois de carême, il importe de souligner que le mois de Ramadhan n’est pas particulièrement accidentogène comparativement aux autres mois de l’année A titre indicatif, il a été déploré au cours du mois de Ramadhan 2015, 3.320 accidents corporels de la circulation routière qui se sont soldés par 523 personnes décédées et 5.270 autres blessées. Par contre le mois qui a suivi, c'est-à-dire le mois d’août de la même année, il a été comptabilisé 3.395 accidents à l’issue desquels il a été déploré 492 personnes décédées et 5.994 blessées. Toutefois, il convient de mettre l’accent sur la particularité de l’accidentalité durant le mois de Ramadhan, notamment : La gravité des accidents : Une de moyenne de 16 personnes tuées que pour 100 accidents, alors que cette moyenne est de 14 tués pour le mois d’aout Les principales causes d’accidents qui, majoritairement, sont liées à l’excès de vitesse, l’irascibilité et l’état de fatigue des usagers. Aussi, la localisation temporelle de ces sinistres offre également une autre particularité, du fait qu’elle laisse entrevoir un pic de l’accidentalité durant la tranche horaire comprise entre 16 h 00 et 20 h 00. Quels sont justement les dangers de la conduite en état de somnolence ? Cette question a été au cœur des travaux du forum organisé par le Centre National de Prévention et de Sécurité Routières, en partenariat avec la radio nationale, à une semaine du début du mois de ramadhan. Au cours de cette rencontre, qui a enregistré la participation du Docteur Amrani, président de la société algérienne de la médecine du sommeil, il a été abordé dans le détail les dangers de la conduite en état de somnolence. Dans ce cadre, il a été expliqué que la somnolence, qui est une transition entre l’état d’éveil et de sommeil (micro-sommeils de 1 à 4 secondes), multiplie par 8 le risque de survenance d’un accident de la circulation routière. Aussi, les conséquences de la somnolence ont été assimilées a un état d’alcoolémie, du fait que six (06) heures de sommeil par jour équivaut à 0,5 g d’alcool /L de sang. Tandis qu’une nuit blanche équivaut à 1 g d’alcool /L de sang Avez-vous au programme d’autres campagnes ciblées ? A la fin de la campagne initiée à l’occasion de ce mois de ramadhan, le Centre National de Prévention et de Sécurité Routières enchainera directement par une autre campagne dédiée aux grands départs en vacances, période qui généralement se singularise par une très forte mobilité et un pic de la sinistralité. Lors de cette campagne, les efforts seront centrés sur l’infraction dominante qu’est celle de l’excès de vitesse ainsi que sur d’autres aspects déterminants pour la sécurité routière, notamment le contrôle du véhicule avant le déplacement, les temps de repos, la gestion du trajet, etc. Cette campagne impliquera, en sus des services de sécurité, des partenaires publics et privés concernés par les questions liées à la sécurité routière ainsi que les représentants du mouvement associatif. Enfin, en début du mois de septembre un plan d’action spécifique sera déployé pour la prise en charge de la période coïncidant avec la rentrée sociale et scolaire, laquelle engendre également des problèmes d’insécurité routière. On ne respecte pas le code de la route en Algérie et il y a même une certaine anarchie sur nos routes. Trouvez-vous que le conducteur algérien a du mal à prendre ses responsabilités au volant ? Le non respect du code de la route par le conducteur algérien peut être imputé à plusieurs aspects, à commencer par un manque d’éducation routière depuis l’enfance et ce, en dépit de l’existence d’une disposition du code de la route qui rend obligatoire l’enseignement des règles de circulation et de sécurité routières au niveau du cursus scolaire (Article 60 de la loi n° 01-14 du 19 août 2001, relative à l’organisation la sécurité et la police de la circulation routière). Par la suite, il convient de mettre en cause le système actuel de formation des conducteurs dont le contenu est plus orienté vers la réussite à l’examen du permis de conduire que celui de l’apprentissage des règles et des techniques de conduite. Cet aspect transparait d’ailleurs à travers les données de l’accidentalité, lesquelles font ressortir que sur les 35.199 conducteurs impliqués dans des accidents corporels au cours de l’année 2015, 11.217 avaient un permis de moins de deux (02) ans, soit 31,87 % des conducteurs impliqués. Enfin, ce non respect des règles de la circulation routière peut également être expliqué par l’inefficacité du système de sanction, lequel permet à certains contrevenants d’échapper aux mesures coercitives du code de la route. Où vous en êtes avec l’expérience espagnole pour freiner les accidents routiers ? Le projet de jumelage entre le Centre National de Prévention et de Sécurité Routières et la Direction Général du Trafic du royaume d’Espagne est jugé très bénéfique du fait qu’il permet un échange d’expériences dans différents domaines, notamment en matière d’organisation institutionnelle de la sécurité, le développement du système de collecte des données, l’amélioration des conditions de formation des conducteurs,etc. Par ailleurs et en vue de bénéficier de l’expertise d’autres pays leaders dans le domaine de la sécurité routière, un protocole de coopération a été établi avec le Ministère de l’intérieur français, situation qui permettra de s’imprégner des bonnes pratiques dans ce domaine précis. Cette ouverture à l’international a, d’ores et déjà, permis de faire des avancées dans le dossier de la sécurité routière, notamment la révision de l’architecture institutionnelle de la sécurité routière, proposée par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales et adoptée dans le cadre du projet d’amendement de la loi n° 01-14 du 19 août 2001, relative à l’organisation la sécurité et la police de la circulation routière, qui se traduira par : - L’institution d’une instance intersectorielle auprès de Monsieur le Premier Ministre, chargée de définir les orientations stratégiques du Gouvernement en matière de sécurité routière ; - La création d’une délégation à la sécurité routière auprès du Ministère de l’intérieur et des collectivités locales, chargée de la traduction technique et de la mise en œuvre opérationnelle des orientations stratégiques du gouvernement. Cette délégation, qui fera appel aux compétences spécialisées exerçant dans les différents secteurs et institutions, sera dotée de larges prérogatives dans le domaine, de la formation, de l’éducation routière, de la communication et de la surveillance et contrôle, situation qui favorisera sa responsabilisation par rapport aux problèmes d’insécurité routière et facilitera l’évaluation de son travail dans ce domaine précis.
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