jeudi 23 juin 2016

«Ramadhan, c’est aussi une aubaine pour les migrants subsahariens»

Sadaka.» Balbutiant quelques mots d’arabe, des petits Subsahariens se ruent à l’entrée du tramway arrivé à la station «Mosquée» de la rue Tripoli (Alger). «Sadaka fi sabil Allah», s’adresse un enfant à la bouille joyeuse, les deux mains tendant un récipient en plastique aux usagers du tramway bondé. Plusieurs familles subsahariennes s’installent sur la place de la Mosquée où, pendant les soirées du Ramadhan, se retrouvent les fidèles pour la prière des tarawih. La solidarité plus agissante des Algériens en ce mois de jeûne explique l’arrivée de flux de ressortissants des pays du Sahel. «Le mois de Ramadhan est une aubaine pour les migrants subsahariens», estime Mme Maiouche, directrice de l’activité sociale (DAS) de la wilaya d’Alger, dont l’administration contrôle 190 restaurants Rahma tenus pour plus de la moitié par des particuliers. «Hier, j’ai reçu une dizaine de Maliens et de Syriens. J’en vois arriver chaque jour. Ils sont servis comme tout le monde dans le restaurant», précise Mohamed Amir, bénévole du groupe Ekhdarm El Khir Wa’enssah qui a ouvert, grâce à l’aide d’un particulier, un restaurant rue Hassiba Ben Bouali, à Belouizdad. «Les Algériens sont très proches de cette catégorie durant cette période. Ils veulent les aider. Au quartier El Melha à Gué de Constantine, où j’étais en inspection, un bienfaiteur est sorti après l’adhan (appel à la prière) chercher un groupe de migrants qui avaient l’habitude de prendre leur f’tour chez lui», raconte Maouiche. Le rapatriement de ces migrants, ces derniers mois, n’a pas empêché l’arrivée de nouveaux ressortissants. Le Croissant-Rouge algérien (CRA) explique leur «visibilité» dans les villes par les conditions climatiques au Sud. «Par ces grosses chaleurs, les migrants, installés en nombre très important dans des villes de Tamanrasset et d’Adrar, préfèrent remonter vers les villes du Nord. On ne connaît pas leur nombre. On n’est pas la PAF», signale Saida Benhabylès, présidente du CRA. Pas de tri ni de fichage des migrants Contrairement à d’autres pays, l’Algérie ne dispose pas de centres d’accueil fermés pour «regrouper» les migrants en situation irrégulière. Mme Benhabylès affirme que la mission de son organisme n’a jamais été de «ficher» les familles. «Notre mission est de nous occuper d’eux, de leur santé. Il nous arrive de prendre en charge par exemple les femmes enceintes dans des structures de santé à travers le pays. Nous avons toujours respecté leur culture», soutient-elle, se réjouissant qu’Alger soit désignée «Capitale de l’humanitaire» pour les efforts accomplis en faveur des populations émigrées. L’ancienne ministre explique que l’opération de rapatriement de ces Subsahariens, principalement des Nigériens, «s’est faite à la demande de leur gouvernement». Quelque 21 000 ressortissants de ce pays avec lequel l’Algérie partage une longue frontière ont été rapatriés à fin décembre 2015. Des drames ont affecté ces migrants : accident de la circulation en décembre 2014 à Ghardaïa, incendie d’un camp géré par le CRA en novembre 2015. Et, dernièrement, la mort d’une quarantaine de migrants à la frontière avec l’Algérie. «Trente-quatre personnes dont 5 hommes, 9 femmes et 20 enfants ont trouvé la mort dans leur tentative de traverser le désert», a indiqué le ministère nigérien de l’Intérieur dans un communiqué transmis à l’AFP le 15 juin. «Ils sont probablement morts de soif, comme c’est souvent le cas. Ils ont été retrouvés près d’Assamaka», un poste frontalier entre le Niger et l’Algérie, a confié à l’AFP une source sécuritaire.

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