jeudi 14 décembre 2017

Comment amortir la perte de change

La nouvelle instruction de la Banque centrale permet aux investisseurs d’accéder à des devises auprès de leurs banques à des taux anticipés afin d’éviter à terme d’importants surcoûts liés aux fluctuations de change. Sans induire un quelconque bouleversement en matière de contrôle et d’accès aux devises, la nouvelle instruction de la Banque d’Algérie relative au marché officiel des changes, et dont l’entrée en vigueur est prévue pour le mois prochain, devra aider grandement les opérateurs économiques à faire face aux risques de plus en plus pesants de l’érosion de la parité du dinar. En effet, alors que les fluctuations de change et la dépréciation de la valeur de la monnaie nationale ont pris une ampleur particulièrement dangereuse pour l’investissement et la production en ce contexte de crise durable, les nouvelles consignes adressées cette semaine par la BA aux banques primaires viennent enfin offrir aux opérateurs une couverture un tant soit peu acceptable contre les risques de change. En substance, ce nouveau texte qui complète le dispositif réglementaire relatif à l’organisation et au fonctionnement du marché interbancaire des changes vient surtout apporter quelques réaménagements pour les opérations de change au comptant, celles à terme, ainsi que pour la couverture des risques de change et les opérations de trésorerie en devises. A cet effet, la nouvelle instruction de la Banque centrale pré-voit notamment la possibilité pour les intermédiaires agréés, en l’occurrence les établissements bancaires, d’effectuer pour leur propre compte ou pour le compte de leur clientèle, des opérations d’achat et de vente à terme de devises contre dinars, exclusivement pour la couverture du risque de change au titre des opérations liées à l’importation d’intrants, de biens d’équipement et du perfectionnement actif et à l’exportation de biens. En ce sens, est-il précisé dans le même texte, l’opération de change à terme consiste en «un contrat ferme qui permet de figer, au moment de la conclusion de l’opération, le cours de change d’une devise contre dinar, à une date future pour un montant défini lors de la conclusion du contrat». Ainsi, selon des responsables de la place bancaire locale, la principale nouveauté apportée en ce sens est la possibilité pour les banques primaires, en leur qualité d’intervenants sur le marché interbancaire, d’emprunter ou de se prêter entre elles des devises, mais exclusivement au titre de la trésorerie liée à la couverture des risques de changes et au profit d’opérations d’importation d’intrants et de biens d’équipement destinés à l’investissement. En ce sens, précisent nos interlocuteurs, la nouvelle instruction de la BA permet surtout aux investisseurs d’accéder à des devises auprès de leurs banques à des taux anticipés afin d’éviter, à terme, d’importants surcoûts que pourraient induire les fluctuations de change. Ces financements en devises étant destinés à des investissements qui portent en général sur des durées de trois à quatre ans, les nouveaux instruments de couverture de risques introduits par la BA permettent ainsi aux opérateurs d’emprunter des devises à des taux établis dès le départ par les banques et qui ne changent pas à échéance de l’opération. Un besoin réel… Hormis ces instruments de couverture contre les aléas liés à l’érosion du dinar et au yo-yo auquel jouent habituellement les devises, les mesures que vient d’édicter la BA n’apportent nul changement ou assouplissement à la politique globale d’accès au change, avancent en définitive les mêmes responsables. Une analyse que partage également l’économiste et ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Badreddine Nouioua, pour qui la nouvelle instruction de la BA ne change en rien le dispositif actuel de contrôle de change. Néanmoins, souligne-t-il, la mise en place de ces instruments de couverture contre les risques de change «est certainement une bonne chose, car elle répond à un besoin réel qui aurait dû être pris en charge il y a bien longtemps». Et de rappeler en ce sens l’ampleur des pertes causées au Trésor public par le passé suite aux remboursements opérés au titre des pertes de change. Aussi, estime-t-il en définitive, l’enjeu aujourd’hui pour la Banque centrale est de «s’attacher surtout à maintenir stable la parité du dinar, mais aussi de disposer d’un personnel suffisamment qualifié pour suivre et anticiper plus rigoureusement les fluctuations des principales devises».                                              

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