Un jeu qui s’avère être un piège mortel et qui a déjà fait une victime dans la wilaya de Sétif. Deux jeunes lycéens de Sidi Aïch, scolarisés dans le même établissement, se sont donné la mort à deux jours d’intervalle, mercredi et jeudi derniers, dans des circonstances liées à un jeu répandu sur internet. Leur mort a consterné leurs familles, leurs camarades et la population locale, autant qu’elle alerte sur un jeu dangereux qui inquiète au plus haut point les parents. La première victime, B. Bilal, habitant à Maâla, 15 ans, a été enterré vendredi, et sa camarade, L. Fairouz, 18 ans, du village de Tijounan, à Chemini, le lendemain, dans un climat de profond émoi. Selon l’entourage des deux victimes, il n’y a pas de doute, les deux lycéens ont mis fin à leurs jours sous l’influence d’un jeu en ligne qui porte le nom de Blue Whale challenge, défi de la baleine bleue. Un jeu qui s’avère être un piège mortel et qui a déjà fait une jeune victime, un enfant de 11 ans, dans la wilaya de Sétif. Le père de B. Bilal a déclaré avoir remarqué un changement dans le comportement de son défunt fils qui s’est renfermé sur lui-même tout en s’isolant. C’est ce à quoi pousse le jeu incriminé qui arrive à absorber les jeunes joueurs en les aspirant dans une série de défis infernaux et sans retour. En tout, ce sont 50 étapes qui finissent par un défi mortel consistant à demander au joueur de sauter d’un toit ou de se pendre. Les victimes algériennes de ce jeu se sont justement donné la mort par pendaison. La première étape du Blue Whale consiste à écrire sur la main F57, qui n’est autre que le nom d’un groupe qui s’est fait connaître sur le très connu réseau social russe VKontakte, qui est en quelque sorte le Facebook russe. Le groupe a choisi le nom de Blue Whale en rapport avec la croyance que la baleine se suicide en venant s’échouer sur le sable. C’est vers cette fin tragique que sont poussées les victimes de ce jeu. Chaque jour, le joueur est mis devant un défi à relever. Le deuxième consiste à se lever à 4h20 et à regarder une vidéo d’horreur dont celles montrant des suicides. Progressivement, le joueur est préparé psychologiquement à intégrer cette sphère du mal. Sous l’emprise de son «tuteur» virtuel, il se retrouve à obéir aux instructions qui le conduisent à faire des actes dangereux et insensés comme scarifier sa main, se couper les lèvres, se saigner les mains avec une aiguille, se frapper, écrire sur son mur virtuel «Je suis une baleine» et d’autres «défis» qui exigent de la victime désignée de «battre et affronter sa peur». Le joueur est préparé psychologiquement pour l’acte ultime en l’engageant à monter sur le toit le plus élevé et s’asseoir sur son bord, ou prendre place aussi sur le bord d’un pont ou sur une grue. Des tâches secrètes sont aussi communiquées à des mineurs qui se retrouvent à parler à la baleine et de promettre que chacun d’eux en est une. L’engagement est fait avec une exigence mortelle : garder le secret. Tout se passe dans l’ignorance des parents qui ne s’en aperçoivent que trop tard. Le 50e jour se produit l’acte irréparable. Blue Whale challenge a fait parler de lui ailleurs où il a fait son lot de victimes. Un jeune Indien s’est donné la mort en se jetant du haut d’un toit. Les dégâts sont plus nombreux en Russie, là où il est né en 2013. Une jeune fille s’est suicidée en se jetant d’un train en 2015. Certaines statistiques parlent de plus d’une quinzaine de victimes, toutes «hypnotisées» par le jeu. Le créateur du jeu, un étudiant russe de 21 ans, Phillip Budkin, a été arrêté sans que son jeu cesse. Le mis en cause n’a pas caché, selon certains médias étrangers, que le jeu visait à «nettoyer la société», considérant aussi qu’il tend ainsi la perche à ceux qui veulent se libérer de ce monde. Le jeu est ainsi conçu sur fond d’apologie du suicide. Un jeune Algérien, qui affirme avoir simulé être un joueur de Blue Whale, raconte son expérience sur Facebook et révèle que les joueurs ne sont pas hypnotisés mais subissent les menaces des administrateurs qui leur imposent le silence : «Les défis s’enchaînent et augmentent d’intensité de plus en plus et contrairement à ce qui se dit, les défis du genre écouter de la musique triste et se mutiler ne sont que primaires et je peux vous assurer que j’ai vu pire. (…) Le plus important à savoir, c’est que contrairement à ce qu’on pense, on ne devient pas accro à ce jeu mais une fois qu’on a commencé, le parrain nous menace et nous harcèle tout le temps et je pense que c’est la cause qui a pu amener ces jeunes à se donner la mort. Ce n’est pas une sorte d’hypnose mais juste du terrorisme psychologique et les mineurs peuvent s’avérer trop faibles pour comprendre que c’est un jeu». Le double suicide de Sidi Aïch alerte les parents sur les dangers du Net dont les griffes ne sont pas virtuelles.
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