mercredi 24 janvier 2018

Quatre autres syndicats appellent les autorités à «sauver» Air Algérie

A peine la grève du personnel navigant commercial arrêtée sur ordre de la justice, quatre autres syndicats d’Air Algérie sont montés au créneau. Tout en se solidarisant avec les grévistes, ils accusent la direction de la compagnie de «créer un climat malsain qui favorise les mouvements de protestation» et appellent les autorités à «intervenir pour sauver Air Algérie de la situation périlleuse dans laquelle elle se trouve depuis l’arrivée du staff dirigeant actuel». Nous nous plions aux décisions de la justice. Lundi dernier, vers 19h, le tribunal a déclaré la grève illégale et ordonné son arrêt immédiat. C’est ce que nous avons fait, en appelant les travailleurs à la reprise des vols.» C’est ce qu’a déclaré hier, Karim Ourad, secrétaire général du Snpca (Syndicat national du personnel navigant algérien), précisant que cette décision du tribunal a été prise sans la présence des responsables du syndicat. Sur les suites à donner au mouvement de grève, M. Ourad a déclaré : «Nous attendons que les dirigeants de la compagnie fassent le pas pour ouvrir les voies du dialogue. Notre revendication est toute simple : l’application de l’accord qu’ils se sont engagés à respecter en le signant il y a plus d’une année. Nous comptons sur la sagesse des uns et des autres pour clore définitivement ce dossier. Nous sommes disposés à discuter avec la direction de la compagnie, pour peu qu’elle accepte le dialogue.» Le secrétaire général du Snpca a démenti «toute intention de recourir à une grève sauvage comme cela a été écrit par certains. Nous sommes légalistes. Nous avons déposé un préavis de grève, notifié aussi bien à la direction générale qu’à l’inspection du travail. Même si nous ne savons pas pour quel motif cette action a été déclarée illégale, nous respectons la décision du juge, sans pour autant remettre en cause nos revendications». En tout état de cause, au moment où tout semblait rentrer dans l’ordre au sein de la compagnie, quatre autres syndicats — le Syndicat des pilotes de ligne, le Syndicat technique spécifique, le Syndicat du personnel navigant commercial et le Syndicat des techniciens de la maintenance avion — ont rendu public, tard dans la soirée de lundi, un communiqué commun dit «n°1», dans lequel ils expriment leur soutien au mouvement de protestation de leurs collègues parmi le personnel navigant commercial, mais surtout, appellent les autorités à «intervenir en vue de sauver la compagnie Air Algérie de la situation périlleuse dans laquelle elle s’enlise depuis l’arrivée du staff actuel». Tous affiliés à l’Ugta, ces syndicats se sont ligués contre la direction de la compagnie, à laquelle ils reprochent «la non-tenue des engagements, le dialogue creux non suivi de faits concrets, la prise de décision unilatérale sans concertation avec les partenaires sociaux, le non-respect des lois de la République, des conventions et des accords, la gestion dépourvue de plan d’action et sans perspective d’avenir, des interventions médiatiques et des communiqués semant le doute au sein du personnel de la compagnie quant à l’avenir de celle dernière, etc. (…) Des faits qui ne peuvent que créer un climat malsain menant inévitablement à des mouvements de contestation des différentes corporations…» Une telle réaction était prévisible dans la mesure où deux syndicats parmi les quatre, à savoir le Syndicat des pilotes de ligne et le Syndicat national de la maintenance avion, avaient publié des communiqués le jour même du débrayage du personnel navigant commercial, où ils dénonçaient une situation des plus préoccupantes au sein d’Air Algérie, tout en mettant en cause la direction de l’entreprise. Celle-ci a, pour sa part, démenti tout refus de dialogue avec le partenaire social, en exprimant sa disponibilité à ouvrir des discussions avec tous les syndicats autour des problèmes auxquels est confrontée la compagnie. «Pour que les salaires soient augmentés, il faudra que la compagnie reprenne son envol. Nous avons besoin d’un temps de répit afin de pouvoir exécuter dans la sérénité le plan d’action mis en place pour booster les activités de l’entreprise et élargir ses perspectives. Les grèves ne servent ni la compagnie ni son image et encore moins son personnel», avait déclaré, à El Watan, le PDG d’Air Algérie, M. Bakhouche. Il a indiqué que «les portes du dialogue ont toujours été ouvertes aux représentants des travailleurs» et appelé ces derniers à prendre conscience des conséquences néfastes des grèves et à privilégier les moyens de revendication basés sur la discussion et le dialogue. Force est de constater que la situation au sein d’Air Algérie ne fait que s’aggraver pour des raisons que chacune des parties renvoie à l’autre, au détriment des passagers, souvent pris en otage pour être utilisés comme moyen de pression. Rien n’indique pour l’instant que les turbulences que la compagnie traverse s’éloignent. Les menaces de retour à la contestation sont toujours là et, avec elles, le spectre d’un autre arrêt de travail, émanant d’autres syndicats que celui du PNC.  

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