jeudi 1 mars 2018

Reprise à «contrecœur» à Blida

Les enseignants affiliés au Cnapeste et tous ceux qui ont fait grève reprendront le travail aujourd’hui. 90 jours d’arrêt de travail qui ont failli ébranler le secteur de l’Education. Le coup est parti de la wilaya de Blida, lorsque la coordination locale du Cnapeste a déclenché un mouvement de grève le 27 novembre dernier. La situation n’avait laissé indifférents ni les responsables de l’éducation à Blida ni les parents d’élèves, qui avaient tenté de trouver une issue à travers une médiation et un dialogue entre l’administration et le bureau de la coordination locale du Cnapeste. Celle-ci répondra par un refus catégorique. Smaïl Bendhib, son coordinateur qu’on a contacté hier par téléphone, après la décision du conseil national du Cnapeste, a expliqué que le refus a été motivé par le fait que les parents d’élèves avaient pris parti. «Ce sont des mercenaires», lance-t-il. Le coordinateur de la wilaya de Blida n’en démord pas. Il considère que la décision de la reprise ne travaille pas les intérêts des enseignants, même «si nous nous engageons à respecter la décision des instances nationales du syndicat». Mais que revendique exactement la coordination de la wilaya de Blida ? Smaïl Bendhib le rappelle. Et les revendications qu’il formule se résument à deux volets : pourrissement et fraude dans le secteur de l’éducation, et restriction des activités de la coordination de wilaya. «Ce sont des revendications sournoises», a soutenu lundi dernier la directrice de l’éducation qui affirme que tous les problèmes posés par le syndicat et les professionnels du secteur ont été solutionnés. Mme Aït Braham, qui a souligné que les portes du dialogue ont toujours été ouvertes, réfute les accusations portant sur les atteintes aux libertés syndicales. En fait, explique-t-elle, «c’est l’ordre que j’ai mis dans le secteur de l’éducation à Blida qui dérange». Il y avait, selon elle, «une anarchie totale». C’étaient les syndicalistes du Cnapeste qui géraient l’académie, les transferts et s’ingéraient dans les décisions des responsables de l’éducation. «C’est le fait que j’y ai remis les choses en place qui ne semble pas plaire», affirme la directrice de l’éducation qui avait adressé plusieurs invitations à la coordination de wilaya pour s’asseoir autour de la table et discuter. Elle a toujours répondu par un refus, souligne-t-elle, avant d’ajouter que même l’intervention de parlementaires n’a pas ramené les syndicalistes à la raison, malgré la satisfaction de toutes les revendications d’ordre socioprofessionnel. Azzeddine Zerrouk, membre du bureau de l’Association nationale des parents d’élèves, pense lui aussi que rien ne justifiait la grève illimitée du Cnapeste local qui a tenté, selon lui, d’instrumentaliser les élèves en les poussant à occuper la rue pour faire pression. Les syndicalistes leur ont même demandé de ne pas accepter les suppléants, a-t-il indiqué. Que cache alors la formulation «floue et sournoise» des revendications de la coordination du Cnapeste de la wilaya de Blida ? Des revendications idéologiques ? Pourquoi se focalise-t-elle sur le départ de la directrice de l’éducation ? Même si la coordination ne le dit pas officiellement, tout porte à croire que la revendication n’a rien de socioprofessionnelle. Pas seulement, les sites web du Cnapeste local font le relais de messages qui demandent même le départ de la ministre de l’Education, Nouria Benghabrit. Sur cette question, Smaïl Bendhib, qui affirme que son absence de 18 mois est due à un transfert pour des soins à l’étranger, soutient qu’il n’a jamais été question de demander la tête de la ministre du secteur. Le coordinateur de wilaya, qui semble partager à contrecœur la décision de reprise du conseil national du Cnapeste, affirme qu’il maintient la revendication portant sur le départ de la directrice de l’éducation de Blida. Rien ne semble donc résolu au niveau de cette wilaya d’où est parti le mouvement qui a perturbé la scolarité de milliers d’élèves. Selon des sources locales, «des syndicalistes qui avaient fait main basse sur le secteur de l’éducation ont du mal à accepter la nouvelle organisation qui plus est imposée par une femme».

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