dimanche 3 septembre 2017

Yémen, le conflit oublié

L’œil gauche tuméfié et fermé, la fillette tente de maintenir ouvert son œil droit avec sa main. Agée de 4 ans, Bouthaina Mansour est la seule survivante d’un raid meurtrier à Sanaa, la capitale du Yémen. Bouthaina était dans l’un des immeubles détruits par les bombardements de la coalition saoudienne. Quatorze personnes, dont cinq enfants, sont décédées dans ce raid, dont tous les membres de la famille de la fillette, selon le Comité international de la Croix-Rouge. L’image de la fillette qui souffre de fractures au crâne, mais dont la vie n’est pas en danger, s’est répandue sur les réseaux sociaux : les hashtag «I speak for Buthina» et «Pour les yeux de Bouthaina» sont repris par les abonnés sur Facebook et Twitter. Malgré elle, l’orpheline, montrée sur un lit d’hôpital, est devenue l’icône d’un conflit dans ce pays du sud de la péninsule Arabique. La coalition menée par l’Arabie Saoudite a reconnu, dans un communiqué, avoir visé par «erreur» des civils lors d’un raid qui a fait 14 morts, dont 5 enfants. Après avoir enquêté, il s’est avéré qu’une «erreur technique» était à l’origine du raid meurtrier, a affirmé la coalition dans le communiqué publié par l’agence saoudienne SPA et repris par l’AFP. La coalition «regrette les victimes civiles collatérales occasionnées par cet accident involontaire et présente ses condoléances aux familles et proches des victimes», signale le porte-parole de la coalition, le colonel Turki Al Malki. Selon l’AFP, le raid en question a visé deux bâtiments à Faj Attan, un quartier résidentiel dans le sud de la capitale, contrôlé depuis 2014 par les rebelles houthis. La coalition sunnite a reconnu par le passé des «erreurs» ayant causé la mort de civils, comme lors d’une frappe ayant visé une cérémonie de funérailles dans la capitale aux mains de la rébellion chiite en octobre 2016 (plus de 140 morts). Depuis mars 2015, l’Arabie Saoudite dirige une coalition avec 9 autres pays arabes sunnites. Cette coalition a lancé des frappes aériennes contre les positions rebelles houthis, alliés à l’ancien président du pays. Le conflit dans ce pays situé à l’extrême sud-ouest de la péninsule Arabique a fait au moins 10 000 morts et 50 000 blessés depuis 2015. Il a causé une épidémie de choléra qui a fait 2000 morts et 7 millions de personnes sont menacées par la famine dans tout le pays. Dans un appel cosigné mardi dernier, 62 ONG de défense de droits humains ont réclamé la création d’une commission d’enquête indépendante sur les abus perpétrés depuis le début du conflit. La lettre s’adresse aux représentants permanents des Etats membres et observateurs du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Selon l’appel, «le Yémen connaît aujourd’hui la plus grande crise humanitaire au monde». Les organisation plaident pour l’ouverture d’une «enquête internationale indépendante sur les violations et les abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire». Les signataires de l’appel, dont font partie Amnesty International et Human Rights Watch, exhortent l’organisation onusienne (Conseil des droits de l’homme) à agir vite contre les abus perpétrés par «toutes les parties du conflit». Les organisations dénoncent dans leur énième appel pressant les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones les plus affectées par le conflit, particulièrement dans le Nord-Ouest, où se concentrent les Houthis.  

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