Une poignée de main, un sourire et un retour d’un ambassadeur : en quelques jours, les relations algéro-marocaines, tendues depuis que Abdelkader Messahel a accusé nos voisins de l’ouest de s’adonner au commerce de la drogue, semblent en train de s’apaiser. Il n’y a pas de déclarations franches, mais les deux pays donnent des signes d’un réchauffement, du moins d’une accalmie recherchée par Alger et Rabat. La poignée de main, échangée brièvement entre Ahmed Ouyahia et le Roi du Maroc lors du sommet Europe-Afrique d’Abidjan, a été largement commentée. Les deux hommes ont échangé une poignée de main et des sourires qui en disent long sur le geste du Premier ministre algérien. L’apaisement dans les relations entre les deux pays semble être l’objectif recherché par ce geste, qui ne semble pas être aussi spontané qu’il y paraît. Car, Ahmed Ouyahia, en diplomate chevronné, avait largement la possibilité de ne pas croiser le souverain marocain. Il est allé le saluer. Un geste qui ne peut être anodin. «Je lui (au souverain) ai transmis mes salutations, ainsi que celles de Son Excellence le président algérien», a expliqué le Premier ministre au site marocain le 360.com. Et d’ajouter : «C’est tout à fait naturel entre voisins». Il a même demandé au journaliste de «transmettre les salutations du peuple algérien à nos frères du royaume». Quelques heures avant ce message, le Royaume du Maroc a annoncé le retour de son ambassadeur en Algérie. Lahcen Abdelkhalek a regagné Alger le 27 novembre dernier. Les autorités marocaines n’ont rien indiqué. Mais une source diplomatique de ce pays, citée par le journal El Khabar, a précisé que dans cette crise, «aucune partie n’a intérêt à ce que la situation reste tendue». Et le mot semble être prononcé. Puisque depuis que Abdelkader Messahel a accusé le Royaume du Maroc et ses institutions de s’adonner au commerce de la drogue, les liens entre les deux pays sont redevenus tourmentés. Car, en vérité, depuis que le Maroc a annexé le Sahara occidental en 1976, les liens entre Alger et Rabat n’ont jamais été réellement bons. Malgré la volonté répétée de l’Algérie de circonscrire le problème sahraoui aux Nations unies, le Maroc y voit toujours une tentative d’«attenter» à son «intégrité territoriale». Un regain dans les relations entre les deux pays est bénéfique pour les deux peuples. Mais pas seulement. Les partenaires de l’Algérie et du Maroc, notamment la France et l’Union européenne, auraient poussé les deux gouvernements à opérer un rapprochement et apaiser les tensions. Personne ne semble vouloir verser de l’huile sur les feux qui embrasent la région, à commencer par le chaos libyen en passant par la crise des migrants et l’instabilité chronique qui règne au Sahel. Cela ne signifie pas pour autant que tous les différends sont levés entre les deux pays. Une situation de ni guerre ni paix reste toujours de mise en attendant, peut-être, un miracle qui mettra définitivement fin à cette situation.
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