Où va l’Algérie ?» La question demeure toujours sans réponse. Elle est même oubliée, 23 ans de la disparition tragique de celui qui l’a posé, le président Mohamed Boudiaf.
Assassiné, le 29 juin 1992, celui qui a réussi, en six mois, à faire revivre l’espoir chez des algériens qui ont profondément sombré dans le pessimisme et le désespoir, est aujourd’hui oublié. Surtout du côté officiel. Après avoir omis sciemment de faire la lumière sur cet assassinat, « suite à un acte isolé » selon la thèse retenue par la commission d’enquête gouvernementale à l’époque, l’Algérie officielle a oublié même de rendre hommage à l’un des authentiques artisans de la guerre de libération nationale.
Et comme d’habitude, en cette date anniversaire, seulement une poignet de personnes se rappelle encore de Tayeb El Watani, nom de guerre de celui a été à l’origine du 1er Novembre 1954. En effet, quelques dizaines de personnes seulement, à leur tête ses compagnons d’armes, dont seulement Si Allal Thaâlibi, El Hachemi Troudi et Louisette Ighilahriz, ont fait encore le déplacement au cimetière d’El Alia à Alger pour leur rendre un hommage et déposer une gerbe de fleure sur sa tombe.
« Cette cérémonie a été organisée pour rappeler à la mémoire l’un des grands symboles de l’Etat algérien », avait déclaré Si Allal Thaalibi, en appelant à « rester fidèles au legs des martyrs qui se sont sacrifiés pour que vive l’Algérie libre ». Un projet dévié de sa trajectoire dès 1962. Ce détournement du fleuve de l’indépendance n’est pas accepté par les importants de leaders de la révolution, à leur tête Mohamed Boudiaf.
Ce dernier, à l’instar des chefs historiques de la guerre de libération, ne tarde pas à entrer en désaccord avec Ahmed Ben Bella qui a bénéficié du soutien du commandement de l’Armée de libération nationale (ALN) de l’extérieur. Mais le combat était déséquilibré.
Face à une armée bien équipée, Mohamed Boudiaf et les leaders historiques n’avaient que l’arme politique qui n’a pas pesé lourd dans le combat avec Ahmed Ben Bella et ses compagnons. Ironie de sort, celui qui a été à l’origine du déclenchement de la guerre de libération nationale est accusé « de traitrise » et arrêté en juin 1963 avant d’être contraint à l’exil dans le sud (Adrar).
Condamné à mort en 1964 par le régime de Ben Bella, feu Mohamed Boudiaf quitte le pays pour rejoindre la France puis le Maroc. Ainsi, l’homme ne vivra pas longtemps sur le territoire de l’Algérie libre, dont il a rêvé. Il ne revoit le pays qu’en janvier 1992. Et c’est en réponse à l’appel du cœur ; celui d’une Algérie meurtrie par le début d’une grave crise politique qui l’a plongé dans le chaos.
Il préside le Haut Comité d’État, chargé provisoire des pouvoirs de chef de l’État. N’étant pas impliqué dans les tribulations du régime, l’homme n’a pas tarder à afficher son souhait de bâtir une Algérie démocratique tournée vers la modernité. Il voulait s’attaquer en premier lieu à la corruption qui gangrenait l’État. Mais son rêve ne se réalisera pas, puisqu’il a été assassiné devant les camera de la télévision… et avec lui c’est l’espoir d’une Algérie meilleure qui a été enterré.
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