Neji Khachnaoui est écrivain et journaliste éditorialiste à l’hebdomadaire tunisien Ach Chaâb, organe de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). Dans cet entretien accordé à El Watan, il s’exprime à chaud sur l’attentat terroriste meurtrier qui a ciblé hier l’hôtel Impérial Marhaba à Sousse.
Le terrorisme a encore frappé en Tunisie à Sousse. Quelles sont vos premières impressions ?
A croire que ce mois pieux est devenu un rendez-vous fixe des opérations terroristes en Tunisie. Depuis le Ramadhan 2011, les groupes terroristes ciblent l’armée tunisienne, surtout sur la bande frontalière avec nos voisins algériens, précisément aux monts Chaambi. Le Ramadhan représente aussi, pour ces groupes islamistes takfiristes, l’occasion de faire étalage de leur extrémisme à l’égard de l’exercice des libertés individuelles, notamment la liberté de ne pas jeûner ; l’attentat de Sousse, qui a ciblé des dizaines de touristes de différentes nationalités, est la preuve de cette logique qui choisit ses cibles.
N’y a-t-il pas comme un manque de fermeté du gouvernement face aux agissements de ces groupes ?
Le gouvernement élu est encore déstabilisé et peine à se sortir des calculs politiques au sein du quartet au pouvoir. Il ne faut pas s’étonner aujourd’hui que les terroristes arrivent à se revigorer et à frapper aussi fort dans ces conditions où les positions ne sont pas tranchées vis-à-vis du phénomène terroriste. Il faut savoir aussi que la bande littorale tunisienne, Sousse-Monastir-Mahdia, a toujours été un objectif terroriste de choix. Rappelons-nous des attentats menés dans les années 1980 par Nahda contre deux hôtels à Sousse.
Comment réagissent les Tunisiens face à ces attentats qui se multiplient ? Y a-t-il un climat de peur ?
La rue tunisienne et l’opinion publique nationale sont encore sous le choc de l’information et, en attendant la position politique officielle, je peux vous dire qu’il y a une désapprobation et une condamnation générale et sans tergiversation de cette violence islamiste. Le bilan qui a atteint 27 morts (à l’heure de l’entretien, ndlr) est lourd et va certainement avoir un impact sévère, non seulement sur le tourisme tunisien, mais aussi sur les relations internationales avec la Tunisie.
Les terroristes frappent dans les grandes villes, parfois même au cœur de la capitale…
Bien sûr, ces actes terroristes qui ciblent les grandes villes et la capitale, à l’image de l’attentat du Bardo, sont certes des actes sporadiques et irréguliers, mais cela signifie que les cellules terroristes ne sont pas implantées dans les maquis seulement, elles existent aussi dans les quartiers qui ceinturent les grandes villes touristiques et la capitale.
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