Comme le veut la circonstance, plusieurs institutions lancent en grande pompe des opérations d’aides avant et durant le mois sacré au profit des familles démunies, dont le chiffre ne cesse d’augmenter.
Cette année, ils sont quelque 1,7 million d’Algériens à bénéficier de cette aide symbolique de l’Etat. Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, premier intervenant, a débloqué près de 8 milliards de dinars pour assurer le bon déroulement de son opération fétiche : couffin de Ramadhan. La ministre, Mounia Meslem, a assuré que les scandales de détournement des couffins, qui ont marqué les années précédentes, ne se reproduiront pas cette année.
Confiée aux présidents des APC et chapeautée par les walis et, mis à part l’humiliation inévitable des familles dans le besoin, l’opération de distribution de ces couffins ne s’est pas faite dans le calme. L’exemple de Had S’hary, dans la wilaya de Djelfa, où une distribution inéquitable de ces précieuses ressources a conduit les personnes lésées à entrer dans une série d’affrontements avec les distributeurs. Ces rixes, qui ont duré deux jours, ont eu pour résultat des dégâts matériels importants et 41 blessés.
Dans la même lancée de solidarité conjoncturelle, le Croissant-Rouge algérien a dévoilé ses prévisions de prendre en charge quelque 10 000 familles à travers 30 wilayas du pays. Ceci au moment où les Scouts musulmans algériens (SMA) ont dressé leur bilan de solidarité pour la première semaine du mois sacré.
Ils déclarent avoir distribué plus de 16 000 repas chauds durant cette période dans les 150 restaurants ouverts à travers le pays. A cet effet, quelque 2200 bénévoles ont été mobilisés. Mohamed Bouallag, le commandant général du SMA, a déclaré qu’en parallèle de ces restos du cœur, des repas ont été distribués dans des foyers pour éviter l’humiliation et les déplacements aux familles nécessiteuses. Dans le même contexte, des restaurants ont été ouverts dans les relais des autoroutes et routes nationales au profit des voyageurs.
Une solidarité de conjoncture
«Lorsque l’on est démunis, on n’est visibles aux yeux de l’Etat que durant ce mois sacré. Les autres jours de l’année, nous sommes livrés à nous-mêmes», s’exclame Saïda, veuve, mère de 5 enfants et sans ressource.
Pire, ces millions de familles démunies sont utilisées comme matière pour des campagnes qui ne leur rendent pas les jours meilleurs mais soignent plutôt l’image des instigateurs de cet élan de solidarité.
Ce qui explique l’apparition de personnes dans cette circonstance bien précise et l’absence de suivi de l’acheminement des aides, voire les détournement des couffins, les trafics relevés par plusieurs personnes dans l’établissement des listes de bénéficiaires et encore plus les retards de distributions déplorés dans plusieurs wilayas du pays.
Des opérations de solidarité réelles et une insertion professionnelle des chefs de famille au chômage méritent d’être entreprises tout au long de l’année pour éviter l’humiliation à ces familles et leur garantir une vie décente et la dignité.
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