Entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) ce n’est, visiblement, pas la lune de miel. Les deux parties se sont livrées, depuis quelques semaines, à des échanges directs ou indirects, parfois pas du tout diplomatiques.
Et cela depuis l’adoption par le Parlement européen d’une résolution condamnant le harcèlement des militants des droits de l’homme en Algérie. Les parlementaires européens avaient même demandé à Bruxelles de faire pression sur les autorités algériennes à l’occasion de la 9e session du Conseil d’association entre l’Algérie et l’UE, au début de ce mois de juin.
Lors de cette réunion, les responsables de l’UE ont effectivement rappelé à l’Algérie ses engagements en matière de respect des droits de l’homme et de la liberté d’association. Dans sa réponse, notre délégation a reproché, aux pays européens, la stigmatisation dont fait l’objet la communauté algérienne et maghrébine sur leurs territoires.
Dans une logique d’affirmation, l’Algérie recommande également une politique européenne de voisinage (PEV) découlant d’une approche globale et prenant en compte les spécificités de chacun des pays de la rive sud de la Méditerranée. «L’Algérie a souligné, depuis la réunion de Barcelone (avril 2015), le fait que la PEV doit à la fois découler d’une approche globale et prendre en compte les spécificités de chacun des pays de la rive sud», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors de la plénière de la Conférence de Beyrouth sur la révision de la PEV.
Pour le ministre des Affaires étrangère, l’UE «doit tenir compte du fait que le pays a contribué, de manière soutenue et systématique, à la sécurité énergétique de l’Europe par l’approvisionnement de ce continent en gaz naturel notamment, et que c’est le seul pays de la région qui a réussi à défaire le terrorisme et a accompagné cette victoire militaire et sécuritaire d’une entreprise vaste d’éradication, mais aussi de concorde et de réconciliation nationale».
«L’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme et de réconciliation nationale est bénéfique pour l’Europe à la fois directement et indirectement», a-t-il soutenu. Dans la foulée, Ramtane Lamamra rappelle à l’UE qu’«il est impératif aussi de ne pas perdre de vue que l’Algérie, liée à l’Europe par un accord d’association, constitue un grand marché pour les produits européens et que dans cette relation, elle a plus donné qu’elle n’a reçu».
Ce faisant, le chef de la diplomatie algérienne suggère la tenue d’une autre réunion pour comparer les notes contenues dans le document qui sera élaboré par les Européens sur le processus de révision de la PEV. Celui-ci, insiste-t-il, «doit refléter effectivement les attentes et les observations faites par les représentants des pays arabes concernés».
Procédant à la présentation de l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme, le ministre des Affaires étrangères préconise une «coopération renforcée» contre ce phénomène transnational et ses causes, ainsi que contre les extrémismes de «toutes connotations et de logiques menant à la violence».
Selon lui, la politique de l’Algérie consistant à mettre des imams à la disposition de sa diaspora au niveau des pays d’accueil «devrait être soutenue et généralisée» pour pouvoir «réduire le gisement de frustration et de marginalisation qui mène à l’extrémisme et au phénomène des combattants étrangers qui partent de l’Europe pour rejoindre des groupes terroristes». Dans ce sens, Ramtane Lamamra met en garde contre la montée de la xénophobie et de l’islamophobie qui, dit-il, «alimentent des accès à la violence et au terrorisme».
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