Daech est dans nos murs.» Au lendemain du «carnage terroriste de Sousse», qui a coûté la vie à 37 personnes, les titres de la presse tunisienne ne manquent pas de mots pour exprimer l’effroi, mais aussi la colère.
«L’attentat d’hier, un véritable carnage commis de sang-froid, est venu comme pour nous réveiller de notre torpeur et nous ouvrir les yeux sur une réalité cruelle et crue, la maison est en train de brûler pendant que certains regardent ailleurs», peut-on ainsi lire dans l’édito du journal La presse de Tunisie, titré «Au-delà de la torpeur…».
Et si la Tunisie est frappée une nouvelle fois durement, c’est encore une fois «au cœur» que le coup est porté. C’est ainsi une atteinte «à la stabilité du pays et à sa sécurité, à son économie et à un secteur névralgique, le tourisme qui, encore une fois…», rappelle la publication.
Et c’est avec effroi que l’on se rend à l’évidence que «le pays est menacé de toutes parts». «On ne peut plus se voiler la face, l’hydre hideuse essaime dans nos murs et des innocents viennent de tomber. L’heure est grave», assène Le Temps, dans un commentaire au titre sans équivoque «Les chacals ont frappé».
«Parce que, tout en voyant venir, nous n’avons pas pu éviter, qu’après le Bardo, un nouveau drame se reproduise, juste sous nos yeux», poursuit-on dans cet article plein de colère et d’émotion. «Le constat s’impose aujourd’hui hélas ! La folie meurtrière de Daech et sa nébuleuse, toutes appellations confondues, ne recule devant rien», affirme encore Le Temps. «On peut le dire : les salauds ont fait mouche... Mais pour ce faire, il fallait qu’il y ait eu des complices sur place, qui ont dû leur baliser largement le chemin.
Ce n’est pas possible autrement. Il y a eu une faille», s’alarme-t-on. Le journal Essabah, dans son édition en ligne, affirme, quant à lui, que «le terroriste voulait tuer le chef de la sûreté de la région de Sousse, mais celui-ci», au lieu de tendre l’autre joue, «a rendu deux gifles».
«Des services de renseignement défaillants ?»
Mais si l’on félicite la réaction des services de sécurité, d’autres publications pointent du doigt, dans leurs colonnes, les défaillances supposées des services de renseignement et antiterroristes. Ainsi, la presse de Tunisie rappelle l’alarmisme de certains, lorsque, au lendemain de la révolution, la Direction de la sûreté de l’Etat (DST) a été dissoute. «Il a fallu attendre près de deux années pour que les officiers du renseignement reprennent leurs activités. Mais certaines sections n’ont pas repris.
Il s’agit plus précisément de la section chargée de la collecte d’informations ayant trait à tout ce qui touche au tourisme», dit-on. Et le lien est ainsi vite établi.
Et si, au fil des heures, on en apprend «davantage sur l’auteur de l’attentat», c’est aussi sur «les carences de nos services antiterroristes», estime-t-on sur le site d’information Kapitalis. Décortiquant le compte facebook du terroriste présumé, la publication électronique dément formellement les déclarations du chef du gouvernement, Habib Essid, qui avait déclaré que «rien ne laissait prévoir que Seifeddine Rezgui était un terroriste potentiel».
Ainsi, le compte en question «laisse transparaître une personnalité entièrement vouée au djihad et prête à passer à l’acte». «Tout ceci aurait dû mettre la puce à l’oreille des services antiterroriste», déplore-t-on dans Kapitalis, qui estime que ces nombreux éléments «trahissent l’incompétence des services antiterroriste (…). Quels gâchis !» conclut-on.
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