Lyon
De notre correspondant
Hier matin, à 10h, un homme a été retrouvé, décapité, et deux personnes ont été blessées dans un attentat contre une usine de Saint-Quentin-Fallavier, a révélé en premier le quotidien régional Le Dauphine Libéré, avant que tous les médias donnent la priorité à cet acte criminel et que l’Etat se mobilise, de même que la classe politique.
Dès 12h, le parquet antiterroriste se saisissait de l’enquête. Rapidement, un homme soupçonné d’avoir participé à cette attaque a été arrêté par les gendarmes, avant que l’on apprenne dans l’après-midi qu’un complice avait été interpellé à son tour. Selon les témoins, un véhicule aurait foncé sur des bonbonnes de gaz, stockées en grand nombre sur le site, et une explosion s’est produite. Le conducteur exhibait le drapeau noir de Daech.
Le corps décapité d’une personne a été retrouvé à proximité, et la tête, qui était un peu plus loin, était barbouillée d’inscriptions en langue arabe, accrochée au grillage extérieur, indiquant une mise en scène qui suggère une signature en rapport avec le groupe terroriste irako-syrien. «La nature de l’activité de l’entreprise n’est peut-être pas étrangère au choix de la cible», selon le préfet de l’Isère cité par Le Dauphiné Libéré.
Le site est classé Seveso (nom d’une catastrophe majeure en 1976), où toute explosion peut avoir des conséquences redoutables. Le Premier ministre, Manuel Valls, puis le président François Hollande ont ordonné une «vigilance renforcée» sur tous les sites de ce genre. Le couple exécutif devait rentrer à la hâte de ses déplacements à l’étranger pour gérer un Conseil restreint de défense.
L’attentat de Grenoble s’est produit alors que, mercredi dernier, le Parlement avait définitivement adopté la loi sur le renseignement censée donner les moyens aux services de sécurité de prévenir de tels actes. Les défenseurs de la nouvelle loi vont jubiler, car l’attentat vient justifier, à leurs yeux, la nécessité d’entorses aux règles de droit avec l’objectif de débusquer les terroristes avant qu’ils n’agissent. Pour mettre de l’eau à leur moulin, la personne interpellée était connue des services de la DGSI.
Yacine Salhi, habitant la banlieue lyonnaise, faisait «l’objet d’une fiche en 2006 non renouvelée auprès des services secrets», mais «n’était pas fiché comme ayant voyagé en Syrie ou en Irak». Il résidait à Saint-Priest et n’avait pas de casier judiciaire, selon le ministre de l’Intérieur ajoutant qu’il était «en relation avec la mouvance salafiste».
Au téléphone sur Europe 1, son épouse disait son désarroi face à cette nouvelle, s’étonnant que son mari ait quelque chose à voir avec cet acte criminel, avant d’être également interpellée dans l’après-midi.
Pour contenir l’émotion suscitée hier, le premier secrétaire du PS, parti au pouvoir, Jean-Christophe Cambadélis, a exhorté à rester «unis». «Pas d’amalgames. Ne jouons pas sur les peurs», a-t-il indiqué, sans que l’on connaisse encore l’état d’esprit de l’opinion publique après ce nouvel acte qui inquiète les musulmans qui sont entrés dans leur deuxième semaine de Ramadhan.
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