Brahim Benabdeslam, vice-président du FCE : «Il faut une décision courageuse»
«Cette mesure fait partie des 15 propositions que notre organisation a présentées aux pouvoirs publics. C’est une mesure très importante par rapport à la conjoncture actuelle. D’autres pays plus avancés que l’Algérie sont passés par l’assainissement fiscal, qui est ordinaire, pour régler un certain nombre de problèmes. Nous avons donc proposé de lancer une opération d’assainissement fiscal visant à intégrer dans le champ légal les volumes financiers considérables circulant dans le circuit informel.
Cela permettra de récupérer une partie de cet argent et, partant, réduire le poids du marché parallèle dans l’économie du pays. Une fois l’opération terminée, il ne faudrait plus qu’il y ait de souplesse vis-à-vis de l’informel. Notre organisation a toujours été pour une réforme et un assainissement fiscal qui permettent de capter ‘l’argent noir’ vers le circuit économique, mais non pas l’argent sale issu d’activités criminelles. Il faut une décision courageuse dans ce contexte.»
Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, président de la CNPA : «Aller carrément vers une amnistie fiscale»
«L’assainissement fiscal est, pour nous, un dossier qu’il faut prendre en charge sérieusement. Il faut avoir tout le courage pour l’aborder et, surtout, l’encadrer. Le but recherché est de récupérer l’énorme potentiel qui existe dans le secteur informel. Il faut se rendre à l’évidence que ce secteur existe depuis longtemps et a causé beaucoup de mal à l’économie.
C’est pour cela qu’il faut savoir faire le tri, en usant d’une approche pragmatique à même d’arriver à élargir l’assiette fiscale avec de l’argent qui ne soit pas sale, d’abord, et pouvant être intégré dans le secteur formel de l’industrie, du commerce et des services. Il ne faut pas avoir peur d’aller carrément vers une amnistie fiscale, pour peu que cela se fasse de manière sereine. Il y va de l’intérêt de notre économie qui a besoin d’une plus grande diversification et de la participation de tous.»
Boualem M’rakech, président de la CAP : «Proposer des bonifications fiscales»
«On ne peut que se réjouir qu’il y ait un tel mécanisme pour résorber ce qui est illégal. Il est même nécessaire de prendre une telle mesure car il s’agit de la survie de notre économie. Cependant, il faut se fixer des impérativités de calendrier pour ne pas tomber, encore une fois, dans les démarches périodiques. Pour ce faire, il faut passer au concret en créant des centres d’intégration pour les gens qui avaient des activités informelles et leur donner des bonifications fiscales, forfaitaires ou selon l’étendue de leur activité.
Mais il ne faut surtout pas mélanger les détenteurs de grands capitaux et les petits commerçants informels pour instaurer une certaine confiance et encourager les gens à suivre cette démarche. Notre organisation se prépare d’ailleurs à formuler une liste de propositions qui vont dans ce sens.»
Kamel Moula, président du CEIMI : «Les fonds régularisables doivent être propres»
« De mon point de vue, le combat contre l’informel passe par l’incitation à l’exercice légal des affaires qui, en fait, n’a jamais été véritablement opéré. C’est donc une première dans la politique algérienne que de permettre à ceux qui, pour une raison ou une autre, ont dissimulé à l’administration des bénéfices tirés de pratiques commerciales non déclarées.
C’est là une pratique que plusieurs pays ont mise en œuvre avec d’excellents résultats. Tous les citoyens soucieux de l’avenir de l’Algérie ne peuvent qu’encourager cette mesure en y adhérant sans réserve. Elle permettra sans aucun doute d’attirer vers un exercice légal de l’activité économique et commerciale tous ceux qui ont quelque peu été empêchés de le faire pour des raisons de tracasseries administratives tatillonnes.
De la sorte, des entreprises et des emplois seront créés. Ce sera là aussi un bassin qui viendra élargir l’assiette fiscale et donc augmenter les recettes fiscales ordinaires. Bien évidemment, cette mesure ne suffira pas, à elle seule, pour venir à bout d’un phénomène de déstructuration des activités économiques et commerciales. Il faudrait qu’elle soit suivie d’un large éventail de simplifications et d’encouragements à l’exercice de l’activité d’entreprise.
Naturellement, les seuls fonds régularisables devront être exempts des activités de la grande délinquance transfrontalière liée au blanchiment d’argent issu du trafic de stupéfiants et d’armes. La puissance investigatrice de l’Etat algérien saura faire le tri et rien ne passera entre les mailles de son filet.»
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