Le ministère de la Santé est décidé à sévir contre les établissements publics et privés qui agissent en dehors de toute légalité. Les opérations d’inspection menées dans des établissements ont donné les «premiers résultats».
«Les premiers résultats, wilaya par wilaya, commencent à tomber suite à l’opération inopinée d’inspection des différents établissements privés activant dans le secteur de la santé. En attendant la synthèse de tous les résultats, certaines wilayas ont livré leur verdict», a indiqué le ministère dans un communiqué rendu public hier. Des établissements de santé ont ainsi été fermés, d’autres mis en demeure et d’autres encore avertis par la tutelle.
Une clinique privée a été définitivement fermée à Blida pour la réalisation non autorisée d’un bloc opératoire et l’extension non réglementaire des activités médicochirurgicales. Une autre clinique de M’sila a été définitivement fermée pour mise en danger de mort d’un nouveau-né évacué sans respecter les mesures de sécurité (pas d’assistance respiratoire, pas d’accompagnement médical ou paramédical…).
Autre grief retenu contre le propriétaire : l’emploi au noir du personnel paramédical et la velléité d’interdire l’accès de son établissement aux praticiens inspecteurs. Les services du ministère ont, par ailleurs, fermé provisoirement (15 jours) une clinique médicochirurgicale à Oran pour manquement aux règles d’hygiène.
Le ministère n’a pas seulement des cliniques dans le viseur, puisque une officine pharmaceutique a été également définitivement fermée pour vente de médicaments périmés. Les services du ministère précisent que le bilan complet de l’opération sera «rendu public dès sa finalisation». «Les premiers enseignements à tirer renseignent sur l’urgence d’actualiser le corpus réglementaire régissant le secteur privé de la santé, notamment le cahier des charges, ainsi que l’indispensable mise en place d’organes de contrôle à vocation régionale», précise le communiqué. L’ouverture de cliniques privées n’a pas réglé les problèmes dans lesquels s’était empêtré le service public.
Coûts exorbitants d’hospitalisation, négligence, manque d’hygiène et d’équipements spécialisés, atteinte à l’environnement par les rejets des déchets hospitaliers, emploi d’un effectif au marché noir, etc. Des patients ont régulièrement porté devant l’opinion publique des affaires dans lesquelles sont impliqués des établissements privés.
Mais assurés de l’impunité, les gérants, et même le personnel, dont un grand nombre vient du public, ne sont gère inquiétés par la tutelle et la justice. L’on s’interroge sur les motivations du département de Boudiaf d’intervenir pour fermer des établissements et mettre d’autres en demeure.
L’exercice à titre privé des professions de santé a connu un essor considérable depuis la promulgation de la loi 88-15 du 3 mai 1988 modifiant et complétant la loi 85-05 du 16 février 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé, qui a propulsé l’émergence des établissements de santé privés et a conforté ce secteur par une offre de soins de plus en plus présente sur le plan quantitatif, a indiqué le Pr Larbi Abid, dans une étude sur les établissements de santé du secteur libéral en Algérie, publié par santemaghreb.com.
«Ce potentiel qui ne cessait d’évoluer d’année en année, nécessitait que le dispositif législatif et réglementaire ayant permis son édification soit adapté aux exigences induites par un environnement socioéconomique en constante évolution. D’où l’adoption de l’ordonnance 06-07 du 15 juillet 2006 modifiant et complétant la loi 85-05 du 16 février 1985, notamment l’article 208 bis, et des textes d’application, en l’occurrence le décret n° 07-321 du 22 octobre 2007 relatif aux établissements privés de santé», a indiqué le professeur. Il existerait plus de 500 établissements répartis dans plusieurs wilayas, celles du Sud en sont dépourvues.
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