C’est hier vers 4h que les sujets ont «fuité» sur les réseaux sociaux, souligne une professeure de français. A Oran, comme partout ailleurs en Algérie, les candidats au baccalauréat ainsi que leurs enseignants ont eu droit à une journée tumultueuse, hier, lors des épreuves d’histoire-géographie, en raison de fuites des sujets d’examen sur internet. «Je suis dégoûtée par ce qui se passe», tempête Soumia, enseignante de langue française, qui a pour tâche, lors de ces épreuves, de surveiller le centre d’examen des candidats libres, à Maraval. Selon elle, c’est très tôt dans la matinée d’hier, vers 4h, que les sujets ont «fuité» sur les réseaux sociaux. «A quoi bon venir au lycée, se démener tout le long de l’année pour inculquer aux élèves le savoir si, au final, c’est la tricherie et la fraude qui triomphent et qui ont raison de tout ?» Même son de cloche de la part d’un professeur de mathématiques qui a exprimé son dégoût et sa colère : «On a bien vu des candidats se frotter les mains en découvrant que le sujet d’histoire-géo est similaire à celui qu’ils ont consulté, quelques heures auparavant, sur internet. Je veux leur dire : il n’y a pas de quoi se réjouir. Il n’y a aucun mérite ni aucune gloire à en tirer. Avoir de bonnes notes parce qu’on a triché est tout simplement honteux.» M. Aous, professeur de langue arabe, formateur et ancien syndicaliste, nous a déclaré que ces fuites n’émanent ni des enseignants, ni des encadreurs, ni des élèves. «En tant qu’enseignant, parent d’élève et ancien syndicaliste, je demande à ces gens-là, ceux qui sont derrière la fuite des sujets, de prendre leurs responsabilités. Je ne sais pas qui ils sont, c’est à la commission d’enquête de le déterminer.» Il a en outre dénoncé le climat délétère qui règne lors de cette session du baccalauréat : «Plutôt que de penser à réviser, les élèves n’ont qu’une seule obsession : savoir si les sujets ont fuité ou pas.» Bachir Hakem, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), joint par téléphone, n’a pas mâché ses mots : «Les années passées, les cas de fraude se caractérisaient par des tentatives de triche des élèves, alors que cette année, ce sont des intervenants externes qui en sont responsables.» A la question de savoir qui pourrait être derrière ces agissements, il nous a répondu : «Nous pensons que ce sont des gens qui ne veulent pas de bien au pays, c’est tout ce que je peux dire.» «A tous ceux qui veulent accuser les enseignants, je dis que c’est une erreur grave ! C’est une décision politique de personnes bien décidées à toucher à la crédibilité et à la stabilité du pays. C’est très clair.» «Ce que nous ne comprenons pas, c’est le fait que la ministre de l’Education nationale a convié tous les syndicats à une réunion pour parler de ce problème, sauf le CLA et le Cnapest. Ce n’est pas normal», a indiqué M. Hakem.
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