jeudi 18 juin 2015

«Pas besoin d’un étranger pour voir l’état de notre pays»

Pour Ali Benflis, l’institution militaire doit agir dans le cadre des missions qui lui sont dévolues par la Constitution.
On sentait chez Ali Benflis, lors de la conférence de presse tenue hier au siège du parti, à Alger, comme une volonté de rattraper les couacs du congrès constitutif du parti Talaie El Houriat (l’Avant-garde des libertés), et dont la presse s’est faite l’écho. Ainsi, celui qui fut un candidat malheureux aux présidentielles de 2004 et 2014 a tenu, à plusieurs reprises, à rappeler la réussite du congrès, la qualité de l’organisation, qu’il juge «sans anicroche ni le moindre accroc», mais aussi «la haute teneur de tous les documents adoptés» sans compter «la discipline, la sérénité et le calme qui ont plané sur l’élection de chaque structure du parti, qu’il s’agisse de son comité central, de son bureau politique ou de son secrétariat national».

Même pour le nombre de participants, Ali Benflis a tenu à expliquer pourquoi ils n’étaient que 1439 délégués et 1300 invités sous le chapiteau du Hilton, alors que le parti avait tablé sur une participation de plus de 5000 personnes. Pour lui, la cause principale revient à l’appareil «politico-administratif» qui a refusé d’accorder au parti l’autorisation pour la tenue du congrès dans les trois lieux envisagés par sa formation politique.

Le parti avait émis le souhait d’organiser son congrès soit à la salle omnisports de Chéraga, ou la salle Harcha ou bien à la Coupole du 5 Juillet, mais les autorités avaient, comme tient à le rappeler le chef du parti, permis à «d’autres formations politiques d’organiser leurs activités partisanes en ces lieux, mais pas les nôtres». Et face aux tergiversations de l’administration, le parti a été contraint de choisir un autre lieu. «L’appareil politico-administratif peut nourrir l’illusion d’avoir remporté une victoire tactique en nous empêchant de donner de l’ampleur et de la visibilité à notre congrès constitutif. Mais les petites victoires tactiques ne sont pas nécessairement une victoire politique», a-t-il jugé.

Pouvoir vacant

Au plan politique, Ali Benflis dépeint un tableau sombre de la situation politique du pays, confronté à une «vacance du pouvoir». «Je vous avais averti que cette vacance du pouvoir allait avoir un effet boule de neige et qu’elle entraînerait une cessation d’activité des institutions et de l’administration publique», a-t-il rappelé.

Un vide comblé, selon lui, par des «forces occultes qui ont pris possession du centre de décision nationale en lieu et place de son titulaire constitutionnel». Aux journalistes qui lui demandaient une réaction aux propos du président Hollande pour qui il était «rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité», en parlant du président Bouteflika, l’ancien chef de gouvernement a avoué «ne pas accorder trop d’intérêt aux déclarations protocolaires», avant d’ajouter : «Nous n’avons pas besoin d’un étranger pour voir ce qui se passe dans notre pays.»

Quel est le rôle de l’ANP ? Pour Ali Benflis, l’institution militaire doit agir dans le cadre des missions qui lui sont dévolues par la Constitution. «Les missions de l’armée sont bien définies dans l’article 25 de la Constitution», a-t-il déclaré. Pour lui, l’armée peut «accompagner et garantir la transition politique», comme cela a eu lieu dans plusieurs pays, sans pour autant «être partie prenante en faveur d’un candidat». Elle est là pour «soutenir les décisions de la classe politique», a-t-il affirmé.

Refusant de polémiquer avec le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui avait tenu des propos très durs contre l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis a estimé que son parti ne répondra pas à ceux qui ont réduit la «politique à l’invective et à l’insulte. Car ils ont de la politique une conception qui n’est pas la nôtre».

 

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