Durant ces longues années, les quatre cadres, sortis de la prestigieuse Ecole nationale d’administration, sont restés sans ressources. «Faute d’argent, j’ai dû interrompre la scolarité de mes enfants», témoigne, amer, Azzedine Mohamed, chef de service au sein de l’hôpital de Ténès. Alors qu’ils ont subi dix années de chômage forcé, de procédures et d’interminable attente n’ont pas suffi, quatre cadres supérieurs exerçant dans le secteur de la santé de la wilaya de Chlef vivent une injustice d’un tout autre ordre : si la Cour suprême les a réhabilités dans leurs postes de travail, la direction générale de la Fonction publique et le ministère des Finances ne veulent rien entendre. Les 10 années passées au chômage ne sont pas indemnisées. Pis, cette période risque de ne pas être comptabilisée dans le calcul de la retraite. Tout a commencé en 2002 et sur simple dénonciation par lettre anonyme, trois cadres exerçant à l’hôpital Zighout Youcef de Ténès se retrouvent en prison pour «détournement de fonds publics» et «mauvaise gestion». Rahmani Bouzina Mohamed, Bounihi Smaïl, Hadalah Maamar et Azzedine Mohamed sont vite blanchis par le juge. Leur dossier est vide, les accusations qui leur sont portées sont infondées. Mais le mal est fait. Ils ont déjà perdu leur travail et pour qu’ils soient réintégrés, il leur a fallu une procédure judiciaire de 10 ans. Durant ces longues années, les quatre cadres, sortis de la prestigieuse Ecole nationale d’administration, sont restés sans ressources. «Faute d’argent, j’ai dû interrompre la scolarité de mes enfants», témoigne, amer, Azzedine Mohamed, chef de service au sein de l’hôpital de Ténès. Au bout de 10 ans de procédure, la Cour suprême blanchit définitivement les 4 cadres et ordonne leur intégration. Ils ont effectivement regagné leurs postes de travail et sauvegardé leurs grades. Mais entre-temps, durant 10 années, ils n’ont pas touché de salaire. Pis, le versement de leurs cotisations à la Sécurité sociale a cessé, réduisant donc de toute une décennie leur durée de cotisation. «Nous sommes conscients que nous n’aurons jamais de réparation morale. Mais qui va nous payer les 10 ans de cotisations ?» s’insurge Azzedine Mohamed, qui parle au nom de ses collègues. Les multiples démarches effectuées par les quatre cadres ont suscité la sympathie d’organisations des droits de l’homme, de partis politiques et de syndicats. Même le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, semble sensible à la cause des cadres. Il a donné instruction pour que leur situation soit réglée. En vain. Un grain de sable bloque la machine administrative de faire son travail. Deux départements, à savoir la direction de la Fonction publique et le ministère des Finances, sont pointés du doigt. Devant ce blocage, ces cadres envisagent de recourir à des organisations internationales des droits de l’homme afin de recouvrer leurs droits. Surtout que les correspondances adressées au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sont restées sans suite. «Mais qui va nous donner nos droits», s’interroge Azzedine Mohamed.
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