Le tribunal de Sidi M’hamed a prononcé, hier, la dissolution de la Sarl Omnium Maghreb Presse (OMP), éditrice du quotidien La Tribune, avec désignation d’un liquidateur. Dans un communiqué, les membres de la famille Ameyar se disent «anéantis» par la décision prise par le juge du référé : «Ceci est d’autant plus choquant que la loi impose des conditions strictes pour parvenir à cette limite extrême qui fait perdre leurs emplois à des dizaines de travailleurs chargés de famille.» La famille Ameyar, actionnaire majoritaire, a décidé de faire appel de la décision du juge. «Dans une semaine, nous aurons l’expédition», signale Taous Ameyar, venue rencontrer le collectif des travailleurs au siège du Syndicat national des journalistes (SNJ), à la maison de la presse Tahar Djaout (Alger). Pour la veuve de Kheireddine Ameyar, fondateur du quotidien en 1994, le motif de l’action des actionnaires n’est finalement pas le surendettement de l’entreprise. «Les motifs avancés devant le juge sont la mésentente entre associés, l’agrément de l’associé Ameyar (la qualité d’associé a été reconnue en juillet dernier aux ayants droit, ndlr) et le grand nombre de procédures. Il y a certes des dettes, mais il y aussi des entrées d’argent. Nous savons qu’il y a 30 milliards de centimes dehors», explique Mme Ameyar, qui a croisé le fer avec les autres actionnaires dès la disparition de son mari. A la mort du directeur de la publication, Bachir Cherif Hassan, deux actionnaires de la Sarl OMP, éditrice du journal, Cherif Tifaoui et Djamel Djerrad, ont introduit en référé une demande de cessation des activités de la Sarl. Les associés Ameyar avaient, de leur côté, introduit une intervention volontaire auprès du juge des référés pour s’opposer à la liquidation de l’entreprise. «Fermeture sauvage» Après l’arrêt de la parution du quotidien, le 9 août dernier, les salariés ont été mis en congé d’office. Les travailleurs, qui se sont constitués en collectif, ont appelé à un sit-in pour dénoncer la mise à mort du titre créé 23 ans auparavant dans la ferveur de l’aventure intellectuelle. Une lettre a été adressée par les travailleurs à la direction pour «clarifier» leur situation professionnelle au sein de l’entreprise à laquelle ils restent attachés. Se présentant chaque jour à la rédaction, fermée à double tour par les associés, les employés, une cinquantaine, ont engagé deux procédures : une devant l’Inspection du travail et l’autre en référé devant le tribunal de Sidi M’hamed pour s’opposer à la mise en liquidation de l’entreprise et à leur licenciement «abusif et déguisé». L’inspecteur du travail s’est présenté, hier, au siège du journal à la maison de la presse. «L’inspecteur a demandé à voir l’administratrice, qui était absente. Il a laissé une convocation», signale Hasna Yacoub, déléguée du collectif de La Tribune. Pour le collectif, qui ne s’avoue pas vaincu, les droits des travailleurs doivent être préservés. «Qu’il y ait liquidation ou pas ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est le sort qui nous est réservé. On nous a assuré, au mépris de la législation en vigueur, que nous aurions droit à 3 mois d’indemnités. Nous avons entamé des procédures pour avoir tous nos droits tels que prévus dans les textes : la loi stipule que les indemnités de licenciement sont fixées après négociation entre les deux parties (le liquidateur et les salariés, ndlr)», détaille Hasna Yacoub. Le secrétaire général du SNJ, Kamel Amarni, qui offre le siège au collectif et engage l’avocat du syndicat, dénonce une fermeture du quotidien «en totale violation avec la législation du travail». «Le journal a été fermé de manière arbitraire sans tenir compte des droits des travailleurs. C’est une fermeture sauvage. La loi oblige (les propriétaires) à déclarer les travailleurs à la CNAC pour leur assurer de quoi vivre», signale Amarni, dont le syndicat s’associera à l’action lancée par les héritiers du fondateur Kheireddine Ameyar pour s’opposer à la mise en liquidation de la société.
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