mardi 16 juin 2015

Belmokhtar tué en Libye ?

Le chef du groupe terroriste El Mourabitoune aurait été tué dans la nuit de samedi à dimanche par une frappe aérienne américaine dans l’est
de la Libye. Mokhtar Belmokhtar était activement recherché par les services de renseignement de plusieurs pays, notamment ceux
de l’Algérie.
Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe terroriste Al Mourabitoune affilié à la nébuleuse criminelle Al Qaîda, est-il bien mort cette fois ? Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale en est persuadé, en tout cas. Ses représentants se sont d’ailleurs fait une joie, dimanche soir, d’annoncer en grande pompe à la presse internationale sa mort.

Il aurait été tué sur le coup, dans la nuit de samedi à dimanche, dans l’est de la Libye, par une frappe aérienne américaine. «Des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d’un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste, dans l’est de la Libye», ont indiqué les autorités libyennes sur leur page facebook.

L’agence libyenne Lana, citant un responsable du gouvernement Al Thani, a précisé en outre que «la frappe de l’armée de l’air américaine a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme (...) à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi, où Belmokhtar tenait une réunion avec d’autres chefs de groupes terroristes, dont des membres d’Ansar Charia».

Plus prudents, les responsables du Pentagone, bien qu’ayant confirmé le raid contre le chef terroriste algérien, se sont toutefois refusés d’en faire immédiatement le bilan. «Nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée», a déclaré dimanche soir le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone. Mais le fait est là, c’est bien Belmokhtar qui était ciblé lorsque des F-15 Strike Eagle de l’armée de l’air américaine ont largué leurs bombes sur une ferme située à la périphérie d’Al Adjabiya.

Et l’expérience prouve que peu sortent indemnes de ce genre d’attaques. Ayant commencé à faire régner la terreur au Maghreb et au Sahel avec Abdelhamid Abou Zeid et Abderazak El Para dès les années 1990, Mokhtar Belmokhtar était activement recherché ces dernières années par les services de renseignement de plusieurs pays, notamment ceux de l’Algérie, de la France et des Etats-Unis.

C’est que cet ancien d’Afghanistan, sanguinaire, est pratiquement impliqué dans la majorité des rapts d’occidentaux au Sahel. Et donc forcément tout le monde le voulait…mort ou vif. Repéré et suivi à la trace par des drones américains depuis plusieurs semaines déjà, il était pour ainsi dire mort. Son arrêt de mort il l’a en réalité signé lui-même lorsqu’il a chargé son groupe de criminels, en janvier 2013, d’attaquer le complexe gazier de Tiguentourine.

L’attaque avait coûté la vie à une quarantaine de travailleurs, dont trois Américains. Inutile de dire qu’il était devenu une cible prioritaire autant pour les Algériens que pour les Américains. Pour hâter sa capture, Washington était même allé jusqu’à mettre à prix, en juin 2013, la tête du chef terroriste à 5 millions de dollars. Le tribunal fédéral de Manhattan (Etat de New York) avait, de son côté, déclenché une action contre lui. Aussi, si l’information de la mort de Belmokhtar venait à se confirmer avec preuves à l’appui, il s’agirait bien évidemment là d’un réel succès.

Nouvel épicentre de la menace

Sur le terrain, l’élimination de Mokhtar Belmokhtar ne devrait pas rester sans conséquences. Sa mort marquera déjà la fin du contrôle par des criminels algériens des organisations terroristes activant au Sahel. Les terroristes algériens avaient déjà perdu beaucoup de leur influence après la neutralisation, en février 2013, dans le Nord malien, par les armées tchadienne et française, de Abdelhamid Abou Zeid, le chef d’AQMI pour le Sahara.

Tous les observateurs auront remarqué que les chefs terroristes algériens tués au cours des opérations Serval ou Barkhane ont été remplacés, pour la plupart, par des ressortissants mauritaniens ou ouest-africains. Il en sera probablement de même pour El Mourabitoune. Ce groupe terroriste devrait passer sous le contrôle d’un non-algérien puisque tous les seconds de Belmokhtar sont ouest-africains.

Ceux-ci attendent d’ailleurs avec impatience, depuis longtemps, de prendre les commandes. Vu les moyens importants investis par l’Algérie pour combattre le terrorisme sur son propre territoire – en témoigne d’ailleurs la rapidité avec laquelle l’armée algérienne a réussi à étouffer dans l’œuf le projet de création par d’anciens terroristes d’AQMI dissidents d’une branche algérienne de Daech – il est peu probable que Abdelmalek Droukdel, le chef d’AQMI, que l’on dit diminué et autour duquel l’étau se resserre de plus en plus, ait les capacités opérationnelles suffisantes pour imposer son autorité au-delà de la Kabylie où se trouve son QG.

Il est à constater, à ce propos, que le déclin de l’influence des terroristes algériens dans la région est proportionnel au déclin du terrorisme en Algérie. Il faut dire également que l’épicentre de la menace, au Maghreb comme au Sahel, s’est déplacé depuis 2011. Ce déplacement induira obligatoirement l’émergence de nouveaux chefs terroristes plus collés à la réalité des pays qu’ils veulent transformer en sanctuaires.

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