«Ni je condamne Daech, ni j’appuie. J’ajoute même que si j’étais président de la République j’accepterai que Daech ouvre une ambassade en Algérie à condition que d’autres pays le reconnaissent.» Les déclarations de Abdelfatah Hamadache, qui s’autoproclame chef des salafistes algérois, mercredi sur la radio d’Echourrouk, ont enflammé la Toile algérienne.
Les déclarations de celui qui a déjà condamné à mort l’écrivain Kamel Daoud, qui a demandé à fermer toutes les églises d’Algérie et qui mène des campagnes haineuses contre les femmes et les laïcs, ont fait réagir aussi des personnalités politiques, des écrivains et des chercheurs. El Watan Week-end a aussi demandé leur avis aux deux journalistes d’Echourouk FM qui ont invité Hamadache. «Je lui ai posé la question avec comme arrière-pensée de le provoquer, dit Mustapha Kassassi, co-animateur de l’émission Laâb Maftouh où était invité Hamadache.
Grâce à l’émission, on sait ce que pense Hamadache. Il faut bien reconnaître que les islamistes font de la communication contrairement aux «pseudos démocrates» qui ne répondent pas aux invitations.» Son collègue Younès Sabeur Cherif affirme pour sa part : «Ces déclarations ne sont pas bizarres, il est connu pour son côté agressif.
On a même essayé de lui faire comprendre que ses propos sont inadmissibles. Mais on s’est rendu compte que c’est un homme très convaincu de ses idées.» «Même si j’estime qu’il s’agit là d’une déclaration scandaleuse et honteuse à l’égard de l’islam, ses propos ne m’étonnent pas, étant donné que Hamadache et Daech partagent les mêmes idées, indique Saïd Djabelkhir, chercheur en sciences islamiques et spécialiste du soufisme.
La seule différence est que, pour l’instant, Hamadache ne dispose que de la violence des mots et n’a pas les moyens dont dispose Daech». Et si pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, «Hamadache est une personne qui veut seulement attirer l’attention des médias», le porte-parole du RCD, Atmane Mazouz, considère que «les propos de Hamadache sont d’une extrême gravité et renseignent sur des complicités inacceptables de ceux qui nous gouvernent et des médias qui leur sont inféodés. Ce genre de personnage n’aurait jamais agi ainsi, si l’Etat n’était pas complaisant».
Dans la même veine, Feth Ghares, porte-parole du MDS, voit dans les déclarations de Hamadache le fruit de «15 ans de bouteflikisme et de réconciliation nationale». «En sollicitant un criminel dans les médias, on banalise le terrorisme et le crime, poursuit-il. La situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui est très grave, car nous sommes arrivés au point de donner la parole à un terroriste qui parle au nom de la liberté d’expression alors qu’on en prive ceux qui se sont vraiment battus pour ce pays.»
L’écrivain Amin Zaoui s’interroge, tout comme de nombreux internautes, sur le rôle d’amplificateur de certains médias privés. «Il est catastrophique que ces radios et chaînes de télévision donnent la parole à ce genre de personne. On a milité pour la liberté d’expression, mais ce sont des gens de ce genre qui en profitent en l’absence d’un Etat de droit. Ces chaînes devraient être impérativement arrêtées», s’indigne l’écrivain.
Chez les partis islamistes, c’est aussi la consternation. Dris Rebouh, porte-parole du Front du changement, qualifie les déclarations de Hamadache de «très dangereuses», et ajoute : «On appartient à l’école de cheikh Nahnah, on a toujours plaidé pour la modération. Ce discours extrémiste est révolu, il est impossible de revenir à la période de sang». Côté MSP, son président Abderrezak Makri lance : «Mais qu’est-ce qui se passe dans ce pays ? Je me demande qui est derrière tout ça ! En tout les cas on condamne ces propos qui sont très graves et inadmissibles.»
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