vendredi 19 juin 2015

Laghouat : Le directeur de chantier français condamné à une année de prison

«Pourquoi suis-je condamné pour avoir fait mon travail ?», déclare à El Watan Week-End, Didier Vignaud, 44 ans, directeur d’un chantier de construction d’une centrale électrique au compte de l’américain General Electric (GE) à Hassi R’mel, au sud de Laghouat. Accusé de ne pas être «autorisé» à prendre des photos, à l’aide d’un quadricoptère, dans ce chantier (géré parle consortium  formé par le géant américain General Electric et le grec Metka, pour le compte final de Sonelgaz) qu’il dirige depuis mai 2014, Didier a été condamné dimanche dernier par le tribunal de Laghouat à une année de prison ferme assortie d’une amende de 1 000 000 DA.

Confiné dans sa base de vie sécurisée depuis le 19 novembre dernier et interdit de quitter la wilaya et le territoire nationale, l’accusé se dit «outré» par la lourdeur du jugement et s’explique : «Le contrat que nous avons signé avec le client (Sonelgaz) me permet de prendre des photos pour constater l’avancement des travaux, assure-t-il. Mon appareil n’est pas un drone. Ce dernier est beaucoup plus compliqué. Le quadricoptère est considéré comme un jouet. Le mien est d’une plus vieille version.

Je l’ai toujours utilisé dans le cadre de mon travail.» Didier Vignaud explique que son affaire remonte à 2014 : «Les gendarmes ont saisi mon passeport, le quadricoptère en question et mes deux ordinateurs où se trouvent plus de 6000 photos personnelles et professionnelles. Ils n’ont choisi qu’une vingtaine dont une partie est prise sur le site et d’autres en dehors de l’Algérie.» Selon lui, ces photos montrent une vue  globale du chantier et prouvent les défaillances constatées sur le site. «Cet appareil n’est pas interdit par la loi», affirme encore Me Ameur,son avocat qui a refusé d’émettre un quiconque commentaire sur le verdict prononcé : «le juge est souverain dans ces discisions», se contente-t-il de dire.

Appel

Amateur d’avions, l’accusé assure qu’il n’a jamais tenté de dissimuler son appareil. «Les douaniers l’ont vu et ils m’ont rien dit. De plus, il n’y  aucun article de loi qui explique comment et combien prendre de photos, se défend-t-il. Les militaires qui surveillent le site me voient souvent prendre des photos. Quand je leur demande l’autorisation ils ne me l’ont jamais refusé.» Didier Vignaud n’est pas à son premier chantier, il affirme qu’il était le responsable de la construction de deux autres centrales, celle de Relizane et celle de Draouche au nord d’Annaba. «J’ai embauché plus de 2500 Algériens et c’est grâce aux centrales électriques que j’ai construit que deux millions et demi d’algériens bénéficient aujourd’hui de l’électricité.

Comment peuvent-ils me condamner pour ça !», s’indigne-t-il. Les médias qui ont traité le sujet ont qualifié l’affaire d’«espionnage». L’accusé rectifie : «C’est le procureur qui a voulu me coller cette accusation. Heureusement qu’elle n’a pas été retenue par le juge». Quant à la suite de l’affaire, Me Ameur précise que son client fera appel au jugement dès qu’il lui sera notifié par la justice.

Quant à Didier Vignaud qui reste encore coincé dans la base de vie depuis plus presque sept moi, il clame son  innocence et révèle qu’il n’est pas le seul à être dans cette situation. «Un ouvrier grec de l’entreprise Metka, qui aurait déchiré un billet de 200 DA, a été lui aussi mis sous contrôle un moment. J’ai raté les obsèques et le mariage de membres ma famille car mon passeport ne m’a pas encore été remis», regrette-t-il.

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