vendredi 19 juin 2015

Le problème majeur : Le poulet tué dans des abattoirs clandestins

- Comment avez-vous intégré la filière avicole ?

En 2012, Torep, l’entreprise pour laquelle je travaille, se lance dans l’élevage du poulet de chair. Après deux années d’exercice, le plus difficile pour nous était de supporter la fluctuation des prix du poulet. Le cours pouvait passer du simple au double dans un laps de temps qui pouvait être très court. Afin de pallier cette situation et de nous réguler, nous avons décidé de nous lancer dans la transformation de viande blanche (découpe et plats cuisiné) et l’ouverture d’un restaurant spécialisé dans le poulet. Nos intentions à moyen terme sont d’arriver à coordonner nos capacités d’élevage et celles de transformation pour avoir un taux d’intégration de notre production appréciable.

- Quel a été le plus difficile en investissant en Algérie ?

Les contraintes sont nombreuses et peut-être un peu plus difficiles pour ce secteur que pour d’autres, puisqu’il faut plus d’espace. Les terrains à caractère agricole disponibles sont très rares, sinon inabordables niveau prix. C’est une activité très réglementée, surtout pour la transformation, et pour obtenir l’agrément, il faut souvent beaucoup patienter à cause de la bureaucratie. Aussi, les circuits de distribution sont mal organisés et la main-d’œuvre est rare, encore moins cellle qualifiée.

- Pensez-vous qu’en Algérie on pourrait avoir un poulet purement algérien vu que les poussins, à la base, sont importés ?

Aujourd’hui, les poussins ne sont presque plus importés ; à des périodes où les cours du poussin sont vraiment hauts, certains importateurs ramènent des OAC (œufs à couver) qu’ils font incuber ici. L’Algérie possède deux centres d’élevage de grands parentaux, c’est-à-dire des poulets qui donneront des poussins reproducteurs, qui eux donneront des poussins pour le poulet de chair. A ma connaissance, nous sommes parmi les rares pays en Afrique à faire cela. On peut dire que le poussin qui sort de ces centres est en grande partie algérien, car l’étape au-dessus est la sélection génétique.

Les labos qui font ça se comptent sur les doigts d’une seule main au niveau mondial. A mon avis, pour avoir un poulet le plus «made in Algerie», des efforts sont à faire dans l’alimentation. Jusqu’à 96% de l’alimentation de volaille est composée de maïs et de soja, alors que 99% des ces denrées sont importées du Brésil, d’Argentine et d’Ukraine. L’hygiène est au cœur du débat, surtout avec le mois de Ramadhan où la consommation double. Quelles sont les mesures que vous préconisez ?

L’hygiène est pour moi un cas de conscience morale. Il appartient à chaque acteur de la filière d’avoir une conscience commerciale et de ne pas vendre des produits impropres à la consommation ou qui représentent un risque potentiel pour la santé publique. Le problème majeur : le poulet tué dans des abattoirs clandestins.

Leur nombre est très important et augmente chaque jour. Pour moi, c’est la conséquence directe de la difficulté et de la lenteur administrative dans la délivrance des agréments. La Direction des services vétérinaires (DSV) devrait faciliter la procédure afin de pousser le plus de gens vers la légalité, faire en sorte qu’ils s’identifient pour contrôler toute cette quantité de poulets qui représentent un danger de santé publique au quotidien.

Sinon, les contrôles existent à tous les niveaux et sont assurés par plusieurs services, les services vétérinaires, de contrôle routier, les services d’hygiène de la commune… mais ils ne peuvent pas être partout. Enfin, il appartient aussi au consommateur de vérifier la propreté de ce qu’il consomme.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire