mercredi 22 juin 2016

«Le recours au VPN n’est pas sans risque»

- Pour contourner les coupures de réseaux sociaux, des internautes ont recouru au système VPN mis à leur disposition gratuitement. Qu’en est-il au juste ? Le VPN (Virtuel Private Network), est une solution qui consiste à emprunter un réseau de tunnels privés, à l’intérieur même d’internet, pour envoyer des données. Généralement, ce logiciel est utilisé par les sociétés qui ont plusieurs bureaux à travers le monde et permet de ne pas être visible sur le Net. C’est tout simplement un lien caché. C’est une manière de voyager dans le Net sans être repéré. C’est vrai que les données ne peuvent pas être visibles, cependant, elles courent le risque d’être siphonnées par la société auprès de laquelle il a été créé. - Quels risques prend-on en recourant aux VPN ? Le plus grand risque, c’est que ce système n’est pas fortuit. Il permet à ceux qui l’ont mis en service d’avoir toutes les données des utilisateurs. Cela va du mot de passe jusqu’au numéro du compte bancaire, en passant par les informations privées et les photos. Il y a même des sociétés qui achètent l’application pour l’offrir gratuitement aux internautes. Moi-même j’ai vu sur internet des gens qui la proposent gratuitement alors qu’elle est payante. Quelle est la contrepartie de ce service, si ce n’est collecter des informations ? Il faut que les gens sachent que le recours au VPN comporte un danger aussi bien pour le personnes physiques que pour les sociétés qui se connectent via le mobile ou le PC. - Est-ce que le recours aux VPN est illégal ? Cela dépend de l’utilisation qu’on en fait. Il n’est pas interdit d’acheter un couteau, mais si vous l’utilisez pour agresser quelqu’un, vous tombez sous le coup de la loi. Si les VPN sont utilisés juste pour retrouver la connexion, cela n’est pas illégal. Mais si c’est pour diffuser des sujets du bac ou commettre un délit, on tombe dans la cybercriminalité. En tant que technicien, je ne peux pas dire si le recours aux VPN est légal ou illégal. Mais par contre, je peux dire qu’en matière de loi, il y a un vide. Il faudra que les juristes se penchent sur cette question et trouvent les réponses adéquates afin de ne laisser aucune faille qui risquerait d’être mal interprétée… - Etant donné que c’est un lien caché et que les informations qui y circulent ne sont pas visibles, comment peut-on alors identifier les utilisateurs ? Ceux qui recourent aux VPN veulent en réalité éviter le contrôle des opérateurs. S’ils commettent un cybercrime, les services de sécurité ne peuvent pas les identifier. Les plus en avance dans le domaine vont solliciter les sociétés qui les ont créés, mais il n’est pas évident que celles-ci coopèrent. Elles préfèrent préserver leur source d’information. - Vous voulez dire que la protection de nos données numériques est vulnérable ? En fait, les institutions comme les ministères ont opté pour des logiciels certifiés qui leur permettent de transférer et de stocker les informations sans prendre le risque d’être piratées. On peut les intercepter, mais on ne peut pas les décrypter parce qu’elles sont codées. Il faut avoir le logiciel qui va avec, ce qui n’est pas évident. Pour une meilleure protection, les responsables doivent exploiter les solutions que nous offre la technologie et qui sont utilisées partout dans le monde. - Comment se fait-il que le gouvernement n’ait pas pu prévenir le recours à se procédé ? Le dernier des ingénieurs sait qu’il existe des techniques qui permettent de contourner la coupure, dont le recours aux VPN. Il faut savoir que ces problèmes sont vécus par tous les pays du monde. Rappelez-vous l’affaire Hamza, le hacker algérien. Les Etats-Unis ont eu beaucoup de difficultés à le démasquer. Les cyberdétectives ont recouru à des techniques très évoluées pour identifier Hamza et le localiser. Personne n’est à l’abri d’une cybercrime. Beaucoup de pays y pensent, mais on est vraiment à la traîne. Il faut aller rapidement, sinon ce sera catastrophique pour le pays. C’est un grand défi à relever. Les décideurs doivent accepter la technologie. Des millions de jeunes expérimentés et solidaires se partagent des techniques de plus en plus évoluées. Il va falloir beaucoup d’efforts pour mener la bataille qui sera, faut-il le préciser, très rude. Dans cet environnement, il est même inadmissible de continuer à gérer l’examen du bac avec des méthodes d’il y a 50 ans. Est-il normal que les sujets soient faits à Alger pour être transportés par les moyens aéroportés de l’armée alors qu’il suffirait de numériser les données et de les envoyer par des réseaux sécurisés ? Il faudrait juste une imprimante dans chaque centre d’examen pour avoir les sujets le jour même de l’épreuve. Le ministère de la Justice a bien réussi l’informatisation de l’établissement du casier judicaire et, à ce jour, on n’a jamais entendu parler de problème. Les données sont bien protégées. Allons vers l’utilisation de la technologie et réduisons au maximum l’intervention humaine qui est à l’origine des fuites des sujets. C’est de cette manière que nous allons sécuriser le bac et non pas par les coupures de l’internet…

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