jeudi 18 juin 2015

«Il faut abandonner l’idée de zaïm»

Le 19 juin 1965 restera dans la mémoire collective comme le «redressement révolutionnaire» grâce auquel Houari Boumediène est arrivé au pouvoir.
D’un point de vue institutionnel, il s’agit là, à n’en point douter, d’un coup d’Etat : c'est-à-dire un pouvoir qui en remplace un autre par la force. Quelle est la légitimité d’un tel acte ? C’est là qu'il faut relativiser. Le pouvoir de Ben Bella, en 1962, avait déjà été acquis par la force. Il n’était de ce fait pas plus légitime que celui de son successeur.

L’origine de ces pouvoirs est donc la même. Cependant, d’un point de vue politique, il y a une différence notable. Que l’on soit d’accord ou pas avec Boumediène — et je suis de ceux qui disent qu’il a commis de lourdes erreurs — il reste qu’il était un homme d’Etat et avait un projet de société. Il a malheureusement échoué dans son entreprise, même s’il a des circonstances atténuantes.

Aujourd’hui, l’Algérie doit tirer les leçons de son histoire. Il faut abandonner l’idée du zaïm qui veut faire le bonheur de son peuple malgré lui, même s’il le considère comme médiocre. Espérons que le pouvoir comprendra, après tant de déboires et de malheureuses expériences, que nul ne peut construire l’Etat moderne auquel les Algériens aspirent en dehors de la légitimité populaire. Encore faut-il préparer les consciences et les conditions politique et culturelle à son exercice.

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