jeudi 18 juin 2015

«Les justificatifs des putschistes sont d’une brûlante actualité»

Boumediène et son équipe de putschistes dont le chef de l’Etat actuel, Abdelaziz Bouteflika, justifiaient le coup d’Etat du 19 juin 1965 en dénonçant «la mauvaise gestion du patrimoine national, la dilapidation des deniers publics, l'instabilité, la démagogie, l'anarchie, le mensonge et l‘improvisation qui se sont imposés comme des procédés de gouvernement».
Il faudrait ajouter, par rapport à la situation présente, la vacance du pouvoir légitime du fait de l’impotence du chef de l’Etat et la perte de la souveraineté nationale que les tenants du pouvoir monnaient pour des soutiens de puissances étrangères, à l’image de la France. 50 ans après un putsch qui promettait d’en finir avec le pouvoir personnel et la privatisation de l’Etat, Bouteflika accapare le pouvoir par un autre coup d’Etat qui le confondra, à son tour, avec l’Etat.

Pour le reste, le clan d’Oujda, dominé par Boumediène, a propulsé en avant Ben Bella dans une période où le besoin de légitimité historique était incontournable. Le chef de l’armée des frontières a choisi de soutenir le dirigeant politique le plus inconsistant pour préparer son pouvoir absolu. Tout le monde sait que le protégé de Nasser et de la France est plutôt une sorte de potiche devant les Boudiaf, Ferhat Abbas, Aït Ahmed, Krim Belkacem ou Benkhedda. Ce coup d’Etat s’inscrit parfaitement dans la logique de l’assassinat de Abane Ramdane à travers lequel le MALG signe officiellement la confiscation des organes démocratiques de la Révolution.

Tout le reste découle de là. Et nous vivons encore les conséquences dramatiques de dirigeants pour lesquels le pouvoir n’est pas exercé grâce à une délégation populaire librement consentie, mais du fait simplement qu’ils étaient un jour au bon endroit au bon moment, d’où leur acharnement à y demeurer.

Par ailleurs on ne peut évoquer le 19 juin 1965 sans se rappeler la répression brutale contre des militants politiques. Les rafles contre les militants du FFS à Alger, dont nombre d’entre eux ont disparu à ce jour. L’emprisonnement de syndicalistes, étudiants de l’UNEA et autres militants qui ont subi l’humiliation et la torture à l’image de Bachir Hadj Ali.

Dire que le coup d’Etat du 19 juin s’est passé sans effusion de sang est un mensonge. Les manifestations de jeunes contre ce coup de force ont été réprimées dans le sang ; dans ce registre, la palme revient au général Attailia qui a donné l’ordre de tirer sur la foule à Annaba, faisant des dizaines de victimes.

Dans tous les cas, il faut que la chape soit levée pour que toute la vérité soit écrite sur cet événement qui a refondé l’option militaro-policière du régime algérien dont les Algériens subissent les affres. En ce cinquantenaire du putsch, notre pays, qui continue à souffrir de «l’esprit du système» et des héritiers du coup d’Etat qui ont confisqué l’idéal algérien, doit se débarrasser en urgence des auteurs et des détenteurs du fonds de commerce sur lesquels repose le malheur de la nation.

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