mardi 16 juin 2015

Les producteurs en grève : La filière lait en crise

Les protestataires ont fermé, hier, deux unités de transformation de lait et dérivés dans la commune d’Akbou, wilaya de Béjaïa. Ils comptent également bloquer l’autoroute Est-Ouest aujourd’hui.
En grève depuis quinze jours, les éleveurs et producteurs de lait cru durcissent le ton à travers plusieurs wilayas du pays. Hier, les protestataires ont organisé, à Akbou, dans la wilaya de Béjaïa, un rassemblement devant deux unités de transformation de lait et dérivés, qui ont été fermées à l’approvisionnement en lait cru de vache, durant toute la journée. Amyas Mouloud, membre de la Fédération des éleveurs de bovins de la wilaya de Tizi Ouzou, que nous avons joint par téléphone, a expliqué que cette action est la réponse au mutisme des responsables concernés, qui «continuent à faire la sourde oreille à nos revendications».

Selon notre interlocuteur, les éleveurs demandent une augmentation du prix de vente du lait cru pour pouvoir faire face à la cherté de l’aliment de bétail qui impacte sensiblement le prix de revient du litre de lait. Il a précisé aussi que le rassemblement d’Akbou a regroupé des éleveurs venus de 16 wilayas du pays, comme Tizi Ouzou, Bouira, Sétif, Khenchela, Batna, Mostaganem et Relizane. «La subvention publique de 12 DA est trop minime, surtout quand on sait que le prix de l’aliment de bétail connaît une flambée incroyable.

Nous réclamons une augmentation de la subvention pour le lait destiné à la transformation, notamment la fabrication de fromages, sans que cette hausse touche le citoyen», ajoute un autre éleveur, qui estime que la situation est vraiment difficile pour continuer à travailler dans ces mêmes conditions. «Il faut savoir que la production d’un litre de lait de vache nous revient à 75 DA et nous le cédons aux transformateurs à 35 DA.

Nous ne recevons qu’une subvention de 12 DA de la part de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Qui va couvrir toute cette perte ?» clame-t-il avant d’ajouter : «Les consommateurs doivent nous comprendre. Nous ne voulons pas les pénaliser. Nous demandons seulement nos droits légitimes.» Effectivement, à la veille du mois de Ramadhan, la consommation des dérivés du lait est importante.

Donc, la pénurie en produits laitiers se fera rapidement sentir, dans la mesure où beaucoup de laiteries risquent d’être paralysées dans plusieurs wilayas. Ainsi, la situation risque de se corser, surtout avec les actions annoncées par les producteurs de lait, qui menacent de radicaliser leur mouvement dans plusieurs localités du pays.

D’ailleurs, ils annoncent une autre action de rue pour aujourd’hui. Il s’agit de la fermeture de l’autoroute Est-Ouest pour maintenir la pression sur les responsables concernés afin d’obtenir la satisfaction de leurs revendications. «Nous avons décidé d’entreprendre des actions de fermeture de routes dans plusieurs wilayas car, apparemment, nous butons sur le mutisme des autorités, qui ne veulent pas prendre en charge sérieusement nos doléances.

Nous sommes vraiment dans une situation très difficile. Nous travaillons sans bénéfice, voire avec des pertes. Nous sommes des victimes de la hogra», martèle notre interlocuteur. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, la Fédération des éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou exhorte l’ONIL à ne pas prendre en charge la subvention du lait «collecté dans l’anarchie et l’informel» et qui est livré aux laiteries pendant ce mouvement de protestation.

Selon les rédacteurs du document, cette «collecte anarchique» est assurée par des éleveurs-livreurs qui travaillent «à la solde de ceux qui ont pris en otages les Chambres d’agriculture et les avantages financiers destinés aux éleveurs». « Les subventions de l’Etat ne doivent pas être utilisées comme un moyen de spéculation et de ruine pour l’économie nationale», ajoute le même texte.

Pour rappel, les éleveurs producteurs de lait cru ont déjà entrepris plusieurs actions pour se faire entendre. La semaine dernière, ils ont distribué, à titre gracieux, du lait frais de vache aux citoyens à Tizi Ouzou et à Béjaïa. Ils ont également suspendu l’approvisionnement des centres de collecte et les laiteries depuis plus de deux semaines.

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