mardi 16 juin 2015

Un échec général

Une tête est tombée, dimanche, victime des retards dans les travaux de réalisation du contournement du tunnel autoroutier de Djebel Ouahch. Le directeur des travaux publics de la wilaya de Constantine, Djamel Eddine Bouhamed, a été révoqué par le nouveau ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, en visite sur le terrain.
Le ministre, brandissant son «seïf el hadjadj», a ordonné aussi des permutations dans les services de la DTP et de l’Agence nationale des autoroutes (ANA) et menacé de sévir si la situation n’est pas redressée très rapidement. Le tronçon de 13 km, réalisé au prix de 5 milliards de dinars supplémentaires comme solution de rechange après l’effondrement du tunnel de Djebel Ouahch, en janvier 2014, dont la livraison était prévue en avril dernier, mais a été une nouvelle fois repoussée à octobre 2015.

Le projet, qui devait être livré dans un délai de 6 mois, pourrait être la cause du départ de Abdelkader Kadi du gouvernement, car il n’a pas dépassé un taux d’avancement de 25%. Catastrophique ! «Cette fois-ci, nous serons dans les délais», a affirmé M. Ouali, tout en présentant ses excuses aux Algériens, leur demandant de faire encore preuve de patience. Le désormais ex-DTP de Constantine a-t-il mérité sa révocation ou n’est-il qu’un fusible qu’il fallait griller pour rétablir un peu de la crédibilité de l’Etat à laquelle tient le ministre ?

Car s’il fallait révoquer, une bonne partie du personnel de la direction devrait partir. Il faut voir l’état du secteur des travaux publics à Constantine pour s’en convaincre ; un état lamentable qui date de bien avant l’arrivée de M. Bouhamed. Le meilleur exemple serait l’absence de doublement des routes nationales qui relient la capitale de l’Est aux wilayas voisines.

Dans le cas du contournement du tunnel de Djebel Ouahch, la qualité des études géotechniques et la performance des entreprises choisies, engagées de gré à gré, pourraient aussi être les sources des retards qui ont entaché le chantier. Le gouvernement, dans sa précipitation populiste – qui s’explique par une volonté de défier les Japonais de Cojaal (conflit exacerbé suite à l’effondrement du tunnel) et prouver la capacité de l’Algérie à résoudre seule le problème – a fait des choix discutables dont on paie aujourd’hui les conséquences.

Les entreprises appartenant au député Djamel Chenini sont-elles indemnes de toute critique et non responsables des retards ? Le choix du tracé qui traverse une forêt urbaine, les nombreux glissements de terrain et les éboulements dus à la nature du sol ne sont-ils pas les fruits d’une étude bâclée ?

Selon la vox populi, ce tronçon de l’autoroute Est-Ouest, non livré à ce jour, est frappé de malédiction. En vérité, l’explication n’est pas métaphysique et réside dans les choix du gouvernement et des ministres qui se sont succédé dans la conception générale de la politique des travaux publics, la conduite des marchés publics et l’indifférence face au pourrissement des administrations locales. Voilà pourquoi l’arbre Bouhamed ne peut pas cacher la forêt des travaux publics.

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