lundi 15 juin 2015

Mouloud Hamrouche : «Le système est en fin de vie»

Mouloud Hamrouche ne pouvait choisir meilleur timing pour délivrer son analyse sur la situation politique du pays. L’entretien accordé au quotidien arabophone El Khabar par l’ancien Premier ministre intervient alors que la scène politique s’emballe depuis quelques jours, avec en toile de fond la succession du président Bouteflika.
La passe d’armes entre le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani, et le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, préfigure la lutte fratricide qui s’annonce entre les clans du pouvoir. Observateur averti, celui que l’on surnommait «l’homme au cigare» connaît parfaitement le fonctionnement d’un système qu’il a pratiqué de l’intérieur durant de très nombreuses années.

Au plan politique, l’ancien candidat à la présidentielle de 1995 dresse un tableau très sombre de la situation. En cause, «l’absence du pouvoir de l’Etat» qui pourrait déboucher, selon lui, sur un «effondrement général». Une situation que l’Algérie peut éviter en mettant en place un nouveau «consensus national» qui pourra «compter sur une large base, rassemblera toutes les composantes de la société et aura le soutien de l’armée». Une proposition que M. Hamrouche avait déjà développée lors de la présidentielle de 2014 et qui serait dictée, selon lui, par l’absence d’un contrepouvoir politique.

En clair, l’ancien Premier ministre juge impossible, en l’état actuel des choses, l’émergence d’une nouvelle force politique. «Que l’on soit réaliste, a-t-il affirmé. Dans les conditions actuelles, on ne peut envisager l’arrivée d’une nouvelle force politique.» Une pierre dans le jardin de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD).

Par ailleurs, celui qui dirigea le gouvernement au moment de la grève insurrectionnelle de l’ex-FIS, en 1991, redoute un soulèvement de la rue et la «nouvelle tyrannie» qu’il pourrait nous offrir. Sur un autre chapitre, M. Hamrouche va à l’encontre de l’idée répandue selon laquelle le pouvoir algérien est l’objet d’une lutte au sommet de l’Etat. Pour lui, tout ce qui se dit sur ces «prétendues luttes à l’intérieur du régime ne sont que pures spéculations».

Celui qui se présente comme un «fils du système» juge totalement illusoires les conflits entre le Président et le DRS ou l’émergence d’hommes d’affaires dans les centres décisionnels. Pour lui, tout cela cache en réalité la volonté du «système de cacher sa fin annoncée». Questionné sur le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du Rassemblent national démocratique (RND) et sur la lettre adressé par le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd Salah, à Amar Saadani, l’ancien directeur de cabinet du président Chadli s’est refusé à tout commentaire. Pour lui, tout cela entre dans le cadre de la politique mise en place par un système en fin de vie, qui a tout fait pour empêcher «l’émergence d’alternatives politiques et sociales».
 

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