lundi 15 juin 2015

Presse : Saadani et Hamid Grine contredits

Le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, a surpris tout le monde ce week-end en livrant ses appréciations sur la presse. Dans une ambiance jalonnée par la multiplication des coup de boutoir du pouvoir contre la presse, notamment El Watan et les titres ayant un ton libre, il fait l’exception.
Intervenant, jeudi lors d’une conférence de presse, Ahmed Ouyahia a affirmé qu’il y a bien une presse de qualité en Algérie, citant El Watan comme exemple. «Vous êtes des opposants. Vous êtes un journal de qualité (…) et j’aimerais bien que la presse de qualité se développe en Algérie», a-t-il déclaré, avant de répondre à une question de notre collègue.

Poursuivant, Ahmed Ouyahia dédouane les médias de toutes les accusations. «Je ne vous reproche rien, vous êtes dans votre rôle d’informer», lance-t-il aux journalistes présents, en reconnaissant que la «communication officielle fait défaut». Cette déclaration véhicule une position diamétralement opposée à celle affichée par les tenants du pouvoir et leurs satellites.

Elle semble même avoir gêné ces derniers, qui ont réagi immédiatement par le biais du secrétaire général du FLN, Amar Saadani. Agacé par les critiques de la presse, le patron du FLN sort souvent de ses gonds pour exprimer des jugements de valeur sur certains titres et porter des attaques contre eux.

Avant-hier, lors d’une conférence de presse, il n’a pas raté l’occasion de tirer, à nouveau, sur les journaux qui ont, selon lui, «un seul rédacteur en chef», en faisant allusion au patron du DRS, le général Toufik. Sur sa lancée, il estime que «le temps où la presse faisait des Présidents est révolu», en citant la période de 1998 où les journaux n’avaient portant diffusé que le contenu de rapports authentiques sur des pratiques douteuses dans le sérail.

Mais ce n’est pas la première fois que le leader du FLN s’en prend aux journaux, notamment à El Watan et El Khabar, qu’il accuse de «manquer de professionnalisme». Il reprend, en fait, les termes d’une campagne menée depuis 2013 par le ministre de la Communication, Hamid Grine, pour qui la presse nationale «diffame, dénigre et manque de professionnalisme». Cette campagne est accompagnée de mesures coercitives contre les titres jugés «hostiles au pouvoir et ses représentants» et qui refusent «de rentrer dans le rang».

Parmi ces mesures, il y a particulièrement les pressions économiques tentant d’asphyxier ces titres en les privant non seulement de la publicité de l’ANEP, mais aussi de celle émanant des annonceurs privés. Ainsi, le discours d’Ouyahia vient remettre en cause cette campagne des tenants du pouvoir visant à faire taire toutes les voix discordantes qui s’opposent à leurs projets politiques.

En tout cas, les déclarations diamétralement opposées d’Ouyahia et de Saadani reposent la problématique des rapports presse-pouvoir en Algérie qui ont toujours été conflictuels. En effet, depuis l’avènement du pluralisme politique dans le pays, la presse cherche à s’émanciper et le pouvoir s’emploie à asseoir sa domination sur elle.

Et l’apaisement de cette relation n’est pas, visiblement, pour demain. Il y a toujours des parties au sein du pouvoir qui veulent maintenir sous haute pression les journaux et les médias audiovisuels. Aidées par l’absence de dispositifs juridiques, élaborés selon des normes universelles, ces parties ne cessent d’innover, notamment depuis 2013, dans le développement des mécanismes visant à mater la presse : intimidation, dénigrement, pressions…

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