Ahmed Ouyahia fait sienne l’idée d’un «consensus national» pour faire face aux défis sécuritaire et économique qui pèsent que le pays. «La prise en charge des défis nationaux nécessite un consensus national ou, à tout le moins, la sérénité dans le pays», a appelé le secrétaire général du RND, devant le conseil national de son parti réuni en session ordinaire, hier à Zéralda. «Le Rassemblement appelle à l’avènement d’un consensus politique dans le respect de la Constitution et des institutions de la République» et «en attendant cela, nous appelons tous les acteurs à concourir à la préservation d’un climat de sérénité qu’exige d’ailleurs l’opinion publique», a déclaré le chef du RND. Il a déploré, à cet effet, «l’agitation et les surenchères tapageuses qui en définitive profitent d’abord aux manœuvres internes ou externes qui ciblent les intérêts collectifs des Algériens», a-t-il encore taclé, sans pour autant indiquer sa cible. S’adresse-t-il à l’opposition qui, elle, ne cesse d’appeler aussi au dialogue ou bien à certaines parties au pouvoir qui multiplient maladroitement les assauts à tout-va ? Sur un ton conciliant – fait rare chez lui –, Ahmed Ouyahia rappelle les vertus du dialogue dans le règlement des conflits : «Le dialogue est une tradition ancestrale de notre peuple, il permet de gérer les divergences et les différends. Nous appelons donc à une utilisation plus grande de cette vertu civilisationnelle. A défaut, veillons à ce que la justice arbitre tous les désaccords et sanctionne toute les violations de la loi. Par cela, nous ferons l’économie des agitations et des surenchères qui alimentent l’inquiétude des citoyens.» Une allusion évidente au conflit qui oppose le ministère de la Communication au groupe de presse El Khabar dans la majorité des actions ont été rachetées par la société NessProd. Mais avant cela, le patron du RND, sorti renforcé lors du dernier congrès du parti, a évoqué la menace sécuritaire qui guette le pays. Un défi majeur, selon lui, qui se traduit «d’abord par les menaces du terrorisme qui subsiste encore dans notre pays». Une occasion pour M. Ouyahia de rendre un hommage appuyé aux forces armées pour leur «engagement et leurs sacrifices mais aussi pour leur succès remarquable dans l’éradication du terrorisme résiduel». Le directeur de cabinet de la présidence de la République a exprimé aussi son regret en raison de «la persistance de crises dans le voisinage et qui menacent notre pays, à l’image des retards dans la restauration de la paix au nord du Mali ou les difficultés qui se dressent devant le gouvernement d’union nationale en Libye ou encore des risques pesant sur la garantie du cessez-le-feu au Sahara occidental par la Minurso, depuis que ce mécanisme a été paralysé par l’occupant marocain». Et comme c’est devenu un rituel chez lui, Ahmed Ouyahia n’a pas manqué l’occasion pour attaquer en termes violents les activistes, en Kabylie et dans le M’zab, qu’ils accuse d’être à la solde des puissances étrangères : «En parlant de la sécurité et de la stabilité du pays, nous avons à l’esprit les manœuvres subversives promues par certaines puissances étrangères revanchardes, exploitant quelques mercenaires politiques qui revendiquent aujourd’hui l’indépendance de la Kabylie ou l’autonomie du M’zab.» Ouyahia exagère-t-il la situation ? «La tragédie nationale est là pour nous rappeler le prix des certitudes excessives ou des négligences mortelles. Alors, pêchons aujourd’hui par excès de prudence et de vigilance plutôt que d’être surpris encore une fois», se défend-il. L’autre défi mis en évidence par le secrétaire général du RND est lié à la crise économique. A ce propos, Ouyahia – qui faut-il le rappeler marque subtilement ses divergences avec les choix économiques de l’équipe Sellal – a mis en garde contre «les solutions faciles» et rappelle son opposition à l’endettement extérieur. «Nous ne devons pas négliger les risques qui découlent de la conjoncture (effondrement des prix du pétrole) comme nous ne devons pas céder aux appels aux solutions de facilité, dont le recours à l’endettement extérieur, lequel pourrait, dans quelques années, hypothéquer la souveraineté économique du pays et exposer la population à des mesures sociales dramatiques», prévient l’homme qui, pourtant, est connu pour avoir assumé par le passé des tournants de la rigueur. Il estime que la crise financière invite à «encourager toutes les capacités productives dans le pays pour offrir plus d’emplois et réduire la facture d’importation, laquelle sera de plus en plus insupportable sauf à emprunter pour acheter la production des autres pays comme nous l’avons fait il y a 20 ans». Un aveu qui démontre que les gouvernements successifs font du surplace. Ahmed Ouyahia, qui loue «les pas accomplis» en termes de mutation économique, juge en revanche que le pays a «besoin d’aller davantage de l’avant».
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