mardi 29 mai 2018

Le détenu sollicite «un soutien contre l’arbitraire»

Des expressions de solidarité et des appels à la libération de Merzoug Touati ont fusé des associations et des organisations de défense des droits humains, comme Amnesty International et la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, aile Zehouane. Le verdict prononcé par le tribunal de Béjaïa à l’encontre du jeune blogueur de 30 ans, Merzoug Touati, a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, ainsi que chez des associations, des personnalités politiques et les défenseurs des droits de l’homme. Le détenu est poursuivi pour les lourdes accusations d’«entretien avec les agents d’une puissance étrangère» et «intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie ou à ses intérêts économiques», pour lesquelles il a écopé de 10 ans de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 Da. Un procès éminemment politique aux yeux des observateurs, vu le contexte international marqué par l’escalade de la violence à Ghaza suite à l’inauguration de l’ambassade américaine dans ce territoire occupé pendant que d’autres lui imputent le déni de liberté d’expression. Des expressions de solidarité et des appels à la libération de Merzoug Touati ont fusé des associations et des organisations de défense des droits humains, comme Amnesty International et la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, aile Zehouane. La Laddh a assuré la défense du blogueur par ses avocats et a suivi le procès par le biais de l’Observatoire algérien des procès (OAP). Le vice-président de cette organisation humanitaire, Saïd Salhi, a d’ailleurs déclaré à la presse que le procès était «uniquement à charge», en plus du fait que «le dossier est disproportionné, avec des accusations très graves par rapport au contenu. Dix ans, c’est une peine très lourde au regard des faits». La Laddh, selon Saïd Salhi, sera au rendez-vous pour une mobilisation pacifique et assumée, si le détenu n’est pas réhabilité lors du prochain procès. Le Café littéraire de Béjaïa (CLB), se disant prêt à prendre part à toute initiative s’inscrivant dans le sens de demander la libération de Merzoug Touati, veut sensibiliser une large composante de la société autour d’une «solidarité agissante». Il a plaidé, dans une déclaration, pour «la constitution de comités de soutien avec le détenu et à l’implication des partis politiques, des associations, des intellectuels, des artistes et des citoyens anonymes». Dans une déclaration rendue publique, le CLB explique : «Aujourd’hui, nous ne devons pas nous taire face à ce cruel arbitraire auquel fait face seul Merzoug Touati. Il est de notre devoir de réagir pour exiger sa libération immédiate.» Pour les animateurs du Café littéraire de Béjaïa, le seul tort de Merzoug est d’être «un opposant». Car, lit-on dans le communiqué, «l’accusation fallacieuse selon laquelle le blogueur aurait fourni des informations de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie ou à ses intérêts économiques, selon le chef d’inculpation retenu contre lui, est complètement infondée, ridicule, comme l’avaient interprétée précédemment ses avocats». A ce propos, le CLB argue que «le pouvoir nous a tellement habitués à jeter un opprobre abject sur ses opposants, et Merzoug en est un bien sûr, que nous n’allons pas avaler ses mensonges avilissants. Et cette justice aux ordres, que lui reste-t-elle comme crédibilité, elle qui condamne aveuglément selon le bon vouloir de ses maîtres ?» Par ailleurs, sur la Toile, un appel anonyme, voire mystérieux, à une grève générale, uniquement dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa pour le 2 juin prochain, est lancé au nom d’un Collectif des associations libres, pour la libération de Merzoug. Nous avons tenté d’identifier et d’entrer en contact avec les initiateurs de cet appel par tous les moyens, mais ces derniers ne souhaitent vraisemblablement pas communiquer. Merzouk Touati a sollicité «la société civile et les partis politiques pour un soutien contre l’arbitraire», suite à sa décision de faire appel de son jugement, depuis sa cellule de la prison de Oued Ghir. Le message a été relayé par son avocat, Me Hamaïli Boubker. «Aujourd’hui (27 mai 2018), je me suis rendu à la prison de Oued Ghir de Béjaïa pour m’enquérir de la situation de mon mandant, Merzoug Touati. Il est dans une situation morale extraordinaire. Il a décidé de faire appel du jugement tout en se disant confiant», avant d’appeler à la solidarité pour l’idéal. «Que la liberté d’expression et de penser triomphe dans notre pays», rapporte le juriste.  

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